
Conférence avec Serge Bouchard : Quelques initiés autour d’une histoire oubliée
Serge Bouchard, anthropologue québécois de renom, a discuté des racines francophones de l’Amérique et de ses fondateurs, racontant des récits passionnants qui demeurent méconnus
Organisée dans le cadre du Mois de la Francophonie, la rencontre a permis un échange intime entre le conférencier et son public. L’activité, qui a eu lieu le 19 mars, fait partie d’un calendrier qui rassemble une diversité d’événements visant à célébrer la francophonie.
M. Bouchard a été formé en anthropologie et est un spécialiste de l’amérindianité. Ce dernier a notamment accompli des recherches sur les savoirs des Innus du Labrador et s’est intéressé à l’étendue de la culture francophone en Amérique. L’anthropologue a été l’animateur d’une émission radiophonique dans laquelle il retraçait l’histoire de personnages « oubliés » de l’Amérique qui ont participé à sa fondation. La constitution de trois volumes retraçant l’histoire des familles qui ont marqué le continent fait suite à son émission.
Les propos de M. Bouchard ont permis à ses auditeurs de voyager à travers l’épopée des grandes familles francophones qui ont constitué la première vague de migration en Amérique. Ces explorateurs ont marqué le territoire de l’Acadie jusqu’à la Californie. Leur accès au fleuve Saint-Laurent leur a permis de rentrer directement au cœur du continent, a rappelé M. Bouchard.
Le conférencier a fait le point sur l’importance du christianisme dans ces premières migrations. La grande proximité de nombreux Français avec différentes tribus autochtones a aussi été remémorée. Comme l’a souligné l’orateur, cette partie de l’histoire a largement été occultée dans les salles de classe pour plutôt mettre de l’avant une vision d’eux comme «sauvages » et ainsi marquer la frontière entre « nous » et « eux ». Toutefois, à cette époque, les échanges commerciaux et l’exploration du territoire ont mené à une étroite collaboration entre les deux cultures.
L’étendue du territoire exploré par les coureurs des bois et autres aventuriers d’origine francophone a ensuite dû être anglicisée à l’arrivée des Britanniques. À titre d’exemple, l’emplacement de l’actuel parc Yellowstone a d’abord été intitulé « roche jaune » par les trappeurs français, qui ont été les premiers à explorer l’endroit.
Ce sont ces vestiges de la francophonie, que l’on retrouve dans les lieux les plus inattendus, que M. Bouchard a permis aux participants de découvrir. Dans l’exercice, les auditeurs ont été conviés à redécouvrir une partie de l’identité francophone, à l’échelle de l’Amérique.
Le faible nombre d’individus rassemblés soulève un aspect important de cette perspective peu connue, voire occultée, de l’Amérique. On y retrouvait l’histoire oubliée, mais qui semble déterminée à ne rejoindre qu’une poignée de passionnés. La période de questions qui a fait suite à l’exposé a d’ailleurs confirmé que la conversation se déroulait entre des individus initiés au sujet .
Au sujet de la faible assistance à l’événement, Myriam Hugron, agente de markéting et des communications au Service de vie communautaire de l’Université d’Ottawa, a tenu à préciser que les circonstances de l’événement permettent de mieux comprendre la situation.
« Le fait que c’était à Saint-Paul, c’est sûr que cela a amené une difficulté pour les gens qui devaient se déplacer. Par contre, ceux présents étaient déterminés à y être et ont vraiment apprécié la conférence », a affirmé Mme Hugron. En ce qui a trait à la participation, cette dernière a tenu à souligner qu’« il y a d’autres facteurs qui rentrent en jeu. Je mettrais plutôt cela sur le moment et le lieu, plutôt que sur le sujet, parce que la conférence a suscité beaucoup d’intérêt ».