– Par Élise Vaillancourt –
Une septantaine d’individus s’est déplacée, le 27 février dernier, pour assister au colloque organisé par les Nouveaux cahiers du socialisme, en collaboration avec l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa (U d’O). En parallèle, les organisateurs ont lancé la dernière édition de la publication qui porte sur la question canadienne.
« Les Nouveaux cahiers du socialisme sont un point de rencontre entre la littérature intellectuelle, activiste et étudiante », explique Pierre Beaudet, professeur à l’École de développement international et mondialisation. La publication, un projet du Collectif d’action politique, cherche à « donner une voix à la gauche, en restant critique et abordable, pour ne pas être exclus des débats sociétaux », renchérit Jonathan Duguay, coordonnateur de l’organisation. « On voulait montrer qu’il y a un point de vue critique, militant et de gauche à Ottawa à travers ce colloque », ajoute-t-il. La reconfiguration de l’espace canadien et les grandes mutations de l’État ont été les thèmes des deux panels de discutions.
Plus de pouvoir à l’ouest et plus de sans-papiers, selon des experts
Les premiers panelistes cherchaient à rendre compte des permutations dans l’organisation étatique depuis que le Parti conservateur est au pouvoir. Claude Denis, professeur à l’École d’études politiques de l’U d’O, a ouvert le bal en suggérant que les instances gouvernementales canadiennes glissent vers la droite, tandis que la population ne suit pas ce changement de cap. En ce qui concerne l’économie, les conservateurs auraient causé une mutation des centres de production canadiens vers l’ouest, qui jouirait ainsi d’un plus grand pouvoir politique, selon Pierre Beaulne, économiste à l’emploi de la Centrale des syndicats du Québec.
Idil Atak, docteure en droit et postdoctorante de l’Université de Montréal, croit que les changements dans les politiques d’immigration, qui tendent à être plus répressives depuis l’arrivée au pouvoir du Premier Ministre Stephen Harper, augmenteront considérablement le nombre d’immigrants illégaux et sans-papiers, puisque les immigrants hésiteront à demander le statut de réfugié, par crainte de se le voir refusé.
Une reconfiguration de l’espace canadien
Le second panel s’est ouvert sur la proposition de Serge Denis, de l’École d’études politiques de l’U d’O, selon laquelle le poids social et politique du monde du travail et des syndicats a diminué suite à l’élection de Stephen Harper. Il cite entre autre en exemple les réformes du système de financement des partis, qui limitent la possibilité de contribution des syndicats et le financement public des partis.
Justin Piché, du Département de criminologie de l’U d’O, a défendu l’idée selon laquelle les changements législatifs au niveau du code criminel détérioraient les conditions des gens criminalisés et non-criminalisés. Le projet de loi C-10, adopté il y a environ un an et qui a imposé des nouvelles peines minimales d’emprisonnement, serait un exemple de ce type de changement. Ce projet avait notamment été dénoncé par le Barreau du Québec comme étant un recul pour le droit criminel canadien.
En rapport à l’immigration, Sule Bayrak a dénoncé de quelle manière le gouvernement fédéral a régulé l’accès aux soins de santé pour les migrants dans l’optique de limiter les flux migratoires. Finalement, les auditeurs ont pu écouter le juriste Richard Fidler qui considère que le Nouveau parti démocratique ne constitue pas une alternative au gouvernement conservateur, puisque le parti ne « permet pas de se déplacer vers une société libre du diktat capitaliste. »