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Par Yasmine El Kamel
Conférence
Le 16 novembre dernier, l’Université d’Ottawa recevait un journaliste reconnu aux quatre coins du monde dans le cadre d’une conférence organisée conjointement par le Centre de recherche et d’enseignement sur les droits de la personne, l’Association des diplômés de l’U d’O et Amnistie internationale Canada. Portant sur la liberté de la presse et les droits de la personne, la conférence mettait en vedette Mohamed Fahmy, journaliste canadien ayant été emprisonné plus de 400 jours par le régime égyptien du président Sissi.
Chronologie du cas Fahmy
Avant que Fahmy ne prenne la parole, c’est Alex Neve, secrétaire général d’Amnistie Canada qui l’a présenté en affirmant : « C’est un journaliste tenace, courageux et intrépide, mais c’est d’abord et avant tout un journaliste qui se soucie des droits de la personne. »
Fahmy a par la suite rapporté son témoignage aux nombreuses personnes qui s’étaient déplacées pour l’écouter – plus de 200 selon les organisateurs. Il fit un bref retour sur sa carrière, avant de revenir sur sa présence en Égypte alors que le Printemps arabe battait son plein. Après la prise de pouvoir de l’armée, Fahmy et ses collègues ont été arrêtés en décembre 2013, accusés d’être des sympathisants des Frères musulmans, alors considérés comme un groupe terroriste.
Ce fut le début d’un long périple, au cours duquel Fahmy a été détenu dans l’aile terroriste d’une prison à sécurité maximale. Conditions insalubres, cafards, manque d’eau, d’électricité et de literie faisaient partie du quotidien de Fahmy, qui a parallèlement dû se plier à un procès inéquitable. « Ma mère pleurait, ma femme était dévastée. Elles essayaient de rester fortes, et moi aussi », a-t-il expliqué.
Bien que l’opinion publique internationale se soit mobilisée en sa faveur, et qu’il ait été défendu par nul autre qu’Amal Clooney, Fahmy s’est dit déçu de l’inaction du gouvernement Harper qui, selon le journaliste, ne s’est pas montré suffisamment proactif dans la gestion de son dossier.
La liberté de la presse au Canada
Quelques heures avant de donner sa conférence, Fahmy se trouvait sur la colline du Parlement aux côtés des journalistes Patrick Lagacé et Ben Makuch. En réaction à leurs récents démêlés avec la police, ils réclamaient une meilleure protection de la liberté de la presse. « Je suis très inquiet de la situation au Canada », a gravement déclaré Fahmy lors de son allocution, avant de rappeler les nombreux cas de journalistes québécois espionnés par la police.
« Le Canada est reconnu comme un symbole de démocratie et de liberté de la presse. Quand des choses comme cela se produisent, cela crée un précédent très dangereux », a-t-il confié plus tard lors d’un entretien avec La Rotonde.
Après avoir terminé le lancement de son tout nouveau livre The Marriott Cell, Fahmy espère continuer sa carrière de journaliste au Canada, mais a précisé : « Je ne serai jamais capable de rester loin du terrain, c’est ma passion. »