Conférence de Maxime McKinley : « Zoom in, zoom out » sur la création inter-artistique
– Par Pierre-Alain Le Hénaff –
La musique de Maxime McKinley a su animer la première d’une série de conférences organisée par Le Crachoire de Flaubert.
Le 26 janvier dernier s’est remis en marche la 3e série de conférences organisée par Le Crachoir De Flaubert. Depuis 2010, la revue web universitaire entretient une plateforme d’échange qui permet d’avancer la recherche et la réflexion sur la création. Regroupant professionnels, artistes et étudiants, Le Crachoir poursuivra sa saison dans les thèmes de la transgression générique et de la création inter-artistique.
C’est le compositeur moderne Maxime McKinley qui, d’entrée de jeu, est venu parler de son approche à la composition à partir des autres arts. Pellan, Fellini, Kundera, Lorca et Nijinski inspirent et colorent les transgressions d’un art à l’autre. Le compositeur illustre la transformation d’une œuvre x en œuvre y en décrivant sa méthodologie par une motion de « zoom in, zoom out ». Zoom out, et se révèlent les relations, parfois disparates, entre les arts. Zoom in, et le côté plus théorique, qui consiste à la mise en pratique des idées en musique, se met en évidence. L’œuvre chevronnée de McKinley, Wirkunst (2005), est le fruit de sa thèse de doctorat en composition à l’Université de Montréal. L’examen de la série impressionnante de huit pièces, inspirée dans son écriture des concepts allemands de « Wir » (nous), « Kunst » (art) et « Wirkung » (effet, impression), a mené au décorticage de la méthodologie utilisée par McKinley. Les inspirations du compositeur informent alors le cadre théorique des pièces, se cristallisant par le biais de transgressions génériques – c’est-à-dire une transformation inusitée entre les genres –, pour enfin créer un produit musical. Un des exemples les plus faciles à saisir est le monologue passionné d’un homme trompé par sa femme, tiré du film Fellini Satyricon, qui a inspiré un solo de violon également passionné dans la pièce Wirkunst-Fellini.
Dans de la nature, commandé par l’orchestre symphonique de Montréal sous la direction de Kent Nagano et inspiré par le livre du même nom du poète contemporain Philippe Beck, offrait une deuxième perspective au processus de composition de McKinley. Le compositeur a d’ailleurs eu l’occasion de contacter l’écrivain français, qui a tout de suite eu un intérêt pour sa musique et s’est déplacé à Montréal pour venir entendre la pièce. La pièce entendue, celui-ci a décidé de répondre à l’œuvre par un poème, véritable dialogue inter-artistique rappelant la complicité entre Debussy et Manet pour Après-midi d’un faune et de son Prélude.
D’ici le mois d’avril, quatre autres conférenciers feront ou déferont les liens entres les arts et des construction qui en découlent. Pour les intéressés, tous les renseignements sur les prochaines conférences sont sur le site du Crachoir de Flaubert.