– Par Joane Viard –
Pour que le français et l’anglais soient répartis de façon égale sur le territoire, ne devrait-on pas habiliter la francophonie minoritaire au Canada? C’est cette question que Rémi Léger, diplômé de l’Université Queens et professeur assistant à l’Université Simon Fraser, a abordé dans sa conférence du vendredi 30 novembre 2012, organisée par le Centre de recherche en civilisation canadienne-française.
Reconnaître d’abord, habiliter ensuite
L’habilitation, notion au cœur de la présentation de M. Léger, signifie que les individus aient les moyens de leurs aspirations et que les communautés soient aptes à mettre en valeur leur culture, elle concerne donc l’autonomie et la participation. Interrogé à savoir comment que la notion d’autonomie s’articule dans la notion d’habilitation, Rémi Léger a répondu: «Les terme autonomie et habilitation veulent dire la même chose mais, […]on peut utiliser le terme habilitation car l’autonomie a pris plusieurs définitions au fil des années et peut être interprétée de différentes manières».
L’habilitation concerne la reconnaissance des minorités. Au Canada, celle-ci a eu lieu au cours des années 90 lorsque l’État a dû admettre les spécificités des minorités et subvenir à leurs besoins. Cette reconnaissance devait être appliquée pour toutes les minorités de façon similaire, ce qui n’a pas toujours été le cas. Selon Rémi Léger, pour respecter la notion d’habilitation, il faut que la reconnaissance de tous les francophones minoritaires soit faite de façon uniforme surtout hors du Québec.
Le gouvernement fédéral a reconnu que les Québécois forment une nation dans le Canada. En Colombie-Britannique, les minorités francophones ont été reconnues en 1982, en vertu de l’article 23 de la Charte canadiennes des droits et libertés. Par contre, l’application de cet article et l’habilitation des minorités ne s’est faite que 16 ans plus tard. Rémi Léger a utilisé cet exemple démontrer que même si la reconnaissance est achevée, l’habilitation prend un certain temps.
M. Léger est revenu sur les différentes dispositions ayant influencées la francophonie minoritaire au Canada, de l’acte de Québec, en 1774, jusqu’au Plan d’action sur les langues officielles de 2005-2007, en passant par la Loi sur les langues officielles de 1988.
Un conférencier au parcours ancré dans la francophonie minoritaire
Rémi Léger a grandi dans un petit village acadien, Cap-Pelé, composé de deux cent mille habitants et où la langue parlée est le français. Il a notamment été président de la Fédération de la jeunesse canadienne-française. Monsieur Léger s’intéresse à la reconnaissance et à l’accommodement des minorités dans les sociétés libérales, aux théories du multiculturalisme et du libéralisme, à la gouvernance des langues officielles et à la gouvernance francophone minoritaire, au développement des minorités francophones hors Québec et à la pensée politique canadienne et québécoise.