Trois questions pour comprendre : la Francophonie au Canada
Avec :
Linda Cardinal, Ph D. Marc L. Johnson,
Professeur titulaire, Études politiques Président, cabinet Socius recherche et conseils
Faculté des sciences sociales, Université d’Ottawa
Par : Réda Bourgeois-Maaroufi
- Que recouvre la notion de francophonie ?
Linda Cardinal : La francophonie comprend l’ensemble des personnes ayant le français en partage. Au Canada, elle est une notion inclusive qui cherche à rassembler les personnes de langue maternelle française, de langue d’usage ou de culture française ainsi que les personnes qui ont le français comme première langue officielle parlée. L’existence de la francophonie tire sa légitimité du fait que le français soit une langue officielle du pays. C’est une langue de citoyenneté et d’intégration. Au plan institutionnel, cette dernière fait partie des responsabilités de nombreux gouvernements, dont le fédéral. Enfin, l’espace francophone regroupe des citoyens, des institutions, des entreprises, des organismes et des individus également engagés envers la progression du français au pays.
- Que pensez-vous de la francophonie au Canada, est-ce qu’il y a eu du progrès ?
LC : La francophonie au Canada a fait des avancées majeures dans de nombreux domaines, tant au palier fédéral que dans certaines provinces. Le Canada a deux langues officielles. Le français est l’unique langue officielle du Québec et l’une des deux langues officielles du Nouveau-Brunswick. L’Ontario a une loi sur les services en français qui est quasi-constitutionnelle. Le français et l’anglais sont les langues officielles du système judiciaire ontarien. Enfin, partout au Canada, les minorités francophones ont droit à une éducation dans leur langue maternelle. Malgré ces avancées, la francophonie au pays ne peut jamais baisser les bras. Chaque génération doit voir à la progression de l’égalité du français et de l’anglais et définir les enjeux qui seront les leurs pour les trente prochaines années.
- Quels sont les divers moyens de favoriser la langue française dans notre société ?
LC : Les francophones peuvent se mobiliser pour des services en français comme l’ont fait les groupes contre la violence faite aux femmes en Ontario. Ils peuvent aussi demander une loi pour inscrire le caractère bilingue de leur ville, comme pour les francophones d’Ottawa, en créant un vaste mouvement citoyen. L’important pour l’avenir du français et de la francophonie est de poursuivre les mobilisations et d’ouvrir de nouveaux espaces de revendications, que l’on pense à la santé, à l’immigration, aux droits des ainés ou à la petite enfance.