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Arts et culture

Comprendre les enjeux au féminin

15 octobre 2018

Arts et culture

 

Par: Maeve Burbridge, Miléna Frachebois et Gabrielle Lemire

 

En ce Mois de l’histoire des femmes, tout le Canada célèbre les apports de nombreuses femmes canadiennes, qui ont su se démarquer et faire rayonner le patrimoine canadien. La Rotonde se penche cette semaine sur le parcours de 6 femmes qui font toutes face à des enjeux distincts dans les arts et la culture dans nos communautés.

 

SOUKAINA BOUTIYEB et l’engagement communautaire

 

Diplômée d’une maîtrise en études de conflits à l’Université Saint-Paul, Soukaina Boutiyeb est la directrice générale de l’Alliance des femmes de la francophonie canadienne, qui milite pour les droits des femmes francophones partout au pays. Celle-ci est immigrante de première génération originaire du Maroc et s’est rendue compte de discriminations en contexte linguistique minoritaire.

« À l’Université, je prenais position et j’allais souvent entendre des soupirs de certaines personnes. Je me souviens dans un cours de sociologie, une personne s’est permise de dire que la place de la femme était à la cuisine. J’ai ensuite compris toute l’injustice et l’iniquité que les femmes vivent, et encore plus quand on parle de minorités d’une minorité. Par exemple pour moi, une femme immigrante, francophone, c’est sûr que les injustices sont encore plus présentes. Les organismes de femmes sont en train de vivre avec un passé qui leur a été injuste. Quand on remarque tout le travail qu’elles fournissent par rapport à leurs homologues masculins qui travaillent dans des organismes pour lesquels le financement est trois fois, même quatre fois plus élevé,  l’injustice est claire. Au bout de la ligne, les femmes sont dans tous les secteurs. Ce sont elles qui transmettent la langue, et les organismes qui les représentent sont les moins financés, les moins reconnus pour leur travail. »

 

MARIE-CLO et le milieu musical francophone

L’auteure-compositeure-interprète Marie-Clo, originaire de Fournier dans l’Est ontarien, a collectionné les honneurs sur la scène musicale francophone canadienne dans les dernières années. Une victoire à Planète BrBr en 2017 et une finale à RondPoint sont à ses actifs. La jeune femme confie son désir d’affirmer son identité bilingue en produisant de la musique autant en français qu’en anglais.

« C’est super le fun être artiste francophone, il y a beaucoup de ressources. Mais je pense qu’éventuellement, le problème c’est qu’on est minoritaires. Et déjà dans notre minorité, il n’y a pas tant de gens que ça qui tiennent à soutenir notre musique. Moi, je la vis bien ma francophonie, je me sens bilingue, ça ajoute à ma culture. Le fait d’être une femme dans le milieu de la musique a été un obstacle pour ce qui est des micro-agressions. Par exemple, des techniciens qui s’adressent à mon guitariste plutôt qu’à moi, quand ils savent que c’est pourtant moi l’artiste. On veut toujours contrôler ce que la femme fait. Je suis quand même chanceuse, je sais me défendre. Mais ce n’est peut-être pas le cas pour tout le monde, et c’est pour ça qu’il faut plus de mesures en place pour protéger la femme dans l’industrie. »

 

ROSE CLANCEY, être une artiste transgenre

Rose Clancey est une étudiante à la maîtrise en histoire se spécialisant dans le parcours des femmes transgenre dans l’histoire. En plus d’avoir fait partie de l’exposition Trans Genre en septembre dernier, Rose publie fréquemment des créations littéraires portant sur l’identité de genre. Celle-ci s’exprime sur la communauté artistique, qu’elle trouve accueillante et ouverte d’esprit.

« Je trouve qu’avant ma transition, je me sentais plus confiante quand venait le temps de montrer mes oeuvres au public, parce que je pensais jamais que mon travail devait représenter tous les hommes. Maintenant, quand je travaille sur un projet, je me remets toujours en question. J’ai peur qu’en voyant mon travail, les gens vont mal l’interpréter et avoir une idée négative des femmes trans en général. Je sens la pression d’être porte-parole pour une communauté au complet. Ça fait que je me mets en doute constamment et je questionne tous les détails. Il faut trouver un juste milieu entre la création d’art qui parle à la communauté LGBTQ2S+ et trans, mais qui est accessible pour les personnes qui n’ont pas eu beaucoup de contact avec cette communauté, qui n’ont peut-être jamais lu d’oeuvres écrites par une personne ouvertement transgenre. »

LAETITIA ZONZAMBE, immigrer dans un Canada musical

Arrivée au Canada en 2009, l’auteure-compositeure-interprète Laetitia Zonzambé laisse sa marque sur la scène musicale canadienne. Sa persévérance et sa capacité à s’adapter à son environnement ont fait d’elle l’artiste qu’elle est devenue. Dans la vie, celle-ci vit simplement sans laisser les perceptions des autres la parasiter.

« Pour moi, je ne dirai pas qu’être une femme m’a posé problème, je n’ai pas cette perception-là. Quand je suis arrivée, moi, je l’ai fait avec mes espoirs, mes rêves et mon envie de faire quelque chose. Pour moi c’est un défi par rapport à l’environnement, l’adaptation. Je ne le présenterai pas sous cet angle là, mais plus en tant qu’immigrante que femme. Changements environnemental, climatique, culturel… cela a été le défi. C’est au-delà du fait d’être femme. Pour moi, c’est pas en tant que femme le problème. C’est si tu ne t’affirmes pas que tu vas rencontrer des problèmes. Je pense que déjà il faut prendre les choses simplement. Faut pas déjà se dire que j’arrive je vais avoir que des problèmes. L’ouverture c’est très important. »

CARRIE CLINTON et l’entrepreneuriat artistique

Fondatrice du Studio Sixty Six en 2013, Carrie Clinton souhaite insuffler de nouvelles idées au marché de collectionneurs d’art d’Ottawa. Après avoir oeuvré dans les beaux-arts et en tant que designer, celle-ci en est maintenant à son marathon artistique : la conservation de galerie. Celle-ci a à coeur le soutien d’artistes locaux et innovateurs qui enrichissent la scène artistique.

« Tout d’abord, je pense que vous devez être un peu fou pour vendre des œuvres d’art. Je dirais que pour le commerce d’œuvres d’art par rapport à n’importe quel autre commerce de commodités, il est difficile de suivre les modèles d’autres entreprises, parce que c’est différent. Pour moi, ce n’est pas l’argent qui motive mon entreprise. J’aime être capable de créer quelque chose et de ne pas suivre les règles de quelqu’un et je tente d’ajouter quelque chose au paysage d’Ottawa qui ne s’y trouve pas déjà. J’ai 55 ans et en tant que femme, au fil des décennies, j’ai certainement rencontré beaucoup de difficultés pour faire entendre ma voix. Mais je ne trouve pas que j’ai vu cela au cours des cinq dernières années en tant que directrice de galerie, ni en tant que femme dans le domaine des arts. Je ne pense vraiment pas avoir été arrêtée à cause de mon genre. »

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