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Éditorial

Comment combattre les frais de scolarité?

9 septembre 2013

– Par Ghassen Athmni –

Une question qui en soulève surement beaucoup d’autres et qui semble embarrasser, voire hébéter, cet étudiant lambda, qui sans vouloir déclarer la guerre aux hausses est définitivement frustré et oppressé par le fait qu’on la lui impose. Mais face à l’escalade (et c’est le cas de le dire) qui s’est (re)produite au début de cet été, il est absolument nécessaire de commencer à trouver des réponses et surtout à en donner. Visiblement scandalisés par la présence d’une poignée d’étudiants venus exprimer leur désaccord lors de la réunion du 27 mai dernier, les gouverneurs de l’Université d’Ottawa (U d’O) ont choisi d’enfreindre toutes les procédures en matière de fonctionnement des bureaux décisionnaires, toute l’éthique indispensable à tout organe de ce type et piétiner le principe de transparence en optant pour un vote par courriel. Une manœuvre dont l’objectif était de forcer l’approbation du budget 2013-2014 de l’U d’O, qui prévoit une hausse de 3 % des droits de scolarité des étudiants canadiens et des résidents permanents, et de 10 % (soit près de 2000 dollars!) pour ceux des étudiants internationaux.

Le cœur du problème

On ne pouvait tout de même pas s’attendre à autre chose de la part d’un tel corps. Au sein du Bureau des gouverneurs, la position dominante est quand même facile à deviner à la lecture des noms et des fonctions actuelles ou antérieures de ceux qui le composent. Ce qui nous amène inévitablement à nous poser des questions sur l’intérêt de conférer le pouvoir de décider du budget et donc de la hausse à un tel organe qui, en plus et de l’aveu de certains de ses membres, n’a même pas débattu la question, mais s’est contenté de quelques consultations qui, bien entendu, ont prouvé le caractère vital de l’augmentation des frais pour une université dont l’excédent budgétaire, à en croire les rapports officiels, se chiffrent en plusieurs dizaines de millions de dollars.

D’un autre côté et malgré la présence des représentants de la FÉUO et de la GSAÉD, le Bdg agit en étant complètement isolé de la population étudiante. Qu’il publie ses procès-verbaux ou des vidéos n’est clairement pas suffisant pour interagir avec celle-ci. Il est inadmissible que ceux qui décident pour les étudiants et influencent radicalement leur parcours et leur expérience à l’université et au-delà, que ceux qui détiennent officiellement un pouvoir déterminant sur le montant de la dette future de chaque étudiant, soient de parfaits inconnus pour la majorité de ces derniers.

La suffisance de la FÉUO

De leur côté, les représentants étudiants dénoncent, s’abstiennent de voter, tiennent des discours enflammés lors des réunions internes du Bureau des gouverneurs dans lesquels ils ne ménagent aucunement leurs confrères du dit bureau (ce qui, à défaut de pouvoir en tenir dans des assemblées générales, est quand même à saluer) mais aucune praxis tangible ne semble suivre, où alors on nous la cache trop bien, peut-être au milieu des caricatures de festivités de la Semaine 101. La représentante de la GSAÉD a quant à elle clairement affirmé avoir voté contre mais n’est pas catégorique à propos de la comptabilisation de son vote, vu qu’elle a voté une minute avant la clôture ce qui révèle l’organisation ou de la transparence, ou des deux, au Bureau des gouverneurs. Dans le cas où sa voix a été prise en compte, elle constitue le seul « non » enregistré lors du scrutin électronique.

Le besoin pressant d’actions effectives

Pour rompre avec l’attentisme et parce que la lutte contre la hausse des frais de scolarité n’est pas ponctuelle et ne se résume pas à l’opposition épisodique à des décisions de l’université, qui plus est interviennent après la fin du semestre d’hiver, alors que le plus gros des effectifs étudiants est déjà loin, ou une parade annuelle ou semestrielle dont les répercussions sont totalement nulles, il est essentiel que les associations étudiantes qui souhaitent s’engager dans ce combat élaborent un plan d’action sur le court et le long terme. Il est aussi primordial de souligner que c’est carrément vain de vouloir entreprendre une telle besogne sans tenter d’y mêler plus d’effectifs (parmi les étudiants et le corps professoral). Dans une perspective plus large, il serait intéressant de conjuguer la lutte contre les frais à d’autres luttes, sur le campus et en dehors, à Ottawa et au-delà afin d’acquérir du soutien.

Le simulacre de victoire

D’aucuns ont l’air de jubiler à l’égard de la décision d’entériner une hausse de 3% seulement pour 2013-2014 alors qu’il était prévu que ce soit le cas jusqu’en 2017. Que ceux-là se détrompent, cela ne représente aucune garantie, au contraire. Il est tout à fait envisageable que ce pourcentage soit revu et augmenté, surtout au vu des méthodes du Bdg. Le fait que les gouverneurs aient limité la décision à cette année peut toutefois être exploitable si les associations et organisations qui veulent se battre sur ce terrain font preuve de prévoyance et trouvent les moyens d’être plus efficaces et d’avoir plus sur le campus. L’exécutif de la FÉUO ne doit pas s’arrêter à la dénonciation parce que l’expérience nous a appris que cela ne changeait rien au cours des évènements. Il ne doit pas non plus se contenter de simulacres d’actions qui ne menacent en rien l’ordre préétabli des choses. La seule voie qui pourrait mener à une avancée sur cette question est celle qui avait été empruntée par les indignés du 27 mai, simplement il me semble qu’il ne faut plus attendre une séance du Bdg pour reprendre cette voie, et qu’il faut se préparer à une lutte de longue haleine pour parvenir à renverser la tendance.

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