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Par : Stéphanie Bacher – Journaliste
L’annonce faite le 14 décembre 2017 par le gouvernement canadien de ne plus octroyer de financement à des groupes opposés à l’avortement dans le cadre de son programme Emplois d’été Canada (EÉC) a satisfait plusieurs groupes pour le droit à l’avortement, dont la Coalition pour le droit à l’avortement au Canada (CLAC), tout en étant fortement critiquée par les groupes pro-vie.
Selon les nouvelles directives du programme EÉC, pour recevoir une subvention du gouvernement fédéral, il faudra désormais que « l’emploi et le mandat principal de l’organisme soient conformes aux droits de la personne au Canada, y compris les valeurs sous-jacentes à la Charte canadienne des droits et libertés ainsi que d’autres droits », ce qui comprend le droit des femmes à disposer librement de leur corps.
Alors que dans un communiqué de presse publié le 11 janvier, la CLAC se félicitait « de la mise à jour du règlement d’EÉC », la directrice de la coalition, Joyce Arthur, estime qu’il est essentiel « qu’aucun groupe contre les droits humains reçoive du financement du gouvernement pour affaiblir les droits inscrits dans la Charte » et que cela « n’a rien à voir avec interdire la liberté d’expression ».
La Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) soutient également cette décision. La vice-présidente aux affaires d’équité de la FÉUO, Leila Moumouni-Tchouassi, explique que, « pour la même raison que quand on dit qu’on est pour le choix de la femme ou les droits des personnes qui appartiennent à la communauté LGBTQ2IA+, nos actions doivent le montrer, alors voir le gouvernement en train de faire ces choix est important ».
Vers le retrait du statut caritatif ?
La CLAC appelle désormais le gouvernement du Canada à révoquer le statut d’organisme de bienfaisance aux groupes anti-avortement. Arthur souligne que l’organisation « ne pense pas que ces groupes devraient avoir accès à du financement [du gouvernement fédéral] ».
Selon elle, ce statut est inapproprié en raison du fait que les organismes de bienfaisance « sont supposés offrir des biens publics ». Elle se demande aussi « où est l’avantage d’intérêt collectif dans la diffusion de propagande et d’informations sur l’avortement ».
Un sujet sensible sur le campus
À l’automne dernier, une motion visant à modifier les règlements de la FÉUO, dont affirmer la position pro-choix de la Fédération, avait semé la controverse et suscité une forte mobilisation lors de la tenue d’un Conseil d’administration de la FÉUO.
Signe de la tension que cristallise ce sujet, le club étudiant Her Campus U Ottawa, qui veut contribuer à l’émancipation des femmes, a affirmé ne pas pouvoir commenter la position du groupe sur le sujet. Plusieurs clubs étudiants plus conservateurs connus pour leur position contre l’avortement n’ont pas donné suite aux courriels qui leur ont été adressés à ce sujet.