Inscrire un terme

Retour
Actualités

Cinq demandes pour « décoloniser » l’U d’O

14 janvier 2013

– Par Émilie Deschamps – 

Deux jours après avoir rassemblé plus de 200 personnes à la rotonde de Tabaret, le 9 janvier dernier, les membres de l’Association des étudiant.e.s en études autochtones et canadiennes (AÉÉAC) ont transmis officiellement leurs cinq demandes pour la décolonisation du campus à l’administration de l’Université d’Ottawa.

L’AÉÉAC demande la création de mineures en langues algonquine et mohawk, une augmentation des bourses pour les étudiants autochtones, une reconnaissance par l’Université que le campus est construit sur un territoire non-cédé de la nation algonquine, la création éventuelle d’un Institut d’études autochtones et de la décolonisation et finalement, une meilleure reconnaissance de la nation algonquine sur le campus, « par exemple, à travers les noms des édifices ».

La petite délégation de l’AÉÉAC s’est présentée à Tabaret, arborant les drapeaux, iroquois et anishnabé ainsi qu’un drapeau représentant un wampum à deux bandes mauves, symbole de la coexistence pacifique des Premières nations avec les Européens. Alastair Mullin, du Cabinet du recteur a reçu les revendications et le groupe lui a demandé que l’Université y réponde d’ici le 18 janvier prochain, une date qui devrait être respecté selon M. Mullin.

Le groupe lui a aussi offert du tabac en guise de cadeau. Kiera Brant, étudiante membre de l’AÉÉAC, explique que ce cadeau symbolise le désir de « revitaliser les traités », mais aussi de « travailler ensemble ». Les traités en question sont des ententes conclues de 1701 jusqu’à nos jours entre le gouvernement du Canada et les premières nations concernant des questions comme la cession de certaines terres en échange de divers avantages promis.

Caroline Millard, gestionnaire des relations avec les médias, a pour le moment réagi en affirmant : «Nous sommes au courant des demandes […]. Nous allons travailler avec les étudiants, leurs associations et les facultés; bâtir de solides relations avec les communautés autochtones est et a toujours été une priorité. » Mme Millard rappelle également « la création, cette semaine, du nouvel Institut d’études canadiennes et autochtones, pour remplacer l’Institut d’études canadiennes. » Une décision qui reflèterait « l’importance grandissante des études autochtones sur notre campus. »

Des demandes qui rallient de nombreux appuis

Lors du rassemblement du 9 janvier au pavillon Tabaret, environ deux cent personnes s’étaient répandues sur les trois étages de la rotonde pour faire des danse-rondes, au son des tambours et des chants de représentants des Premières nations. À la suite de quoi, plusieurs individus et groupes sont venus témoigner leur soutien au mouvement Idle No More ainsi qu’aux cinq demandes de l’AÉÉAC, dont la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), l’Association des étudiants diplômés de l’Université d’Ottawa,  la Fédération canadienne des étudiants et étudiantes (FCÉÉ) et l’Association générale des étudiants de l’Université du Québec en Outaouais.

Nina Wilson, l’une des quatre fondatrices du mouvement Idle No More, a livré un témoignage chargé d’émotion : « Ce mouvement a commencé parce que nous avions vraiment peur de ce que nous voyions. L’eau que nous pouvions boire auparavant, nous ne pouvons plus la boire. Nous ne voyons plus que des signes disant «Boire à vos propres risques». Nos enfants allaient se baigner dans cette eau et revenaient malades » a-t-elle expliqué, des trémolos dans la voix. « L’éducation, la culture ne devraient pas être des privilèges, nous ne devrions pas les considérer comme des droits, mais comme des responsabilités » a-t-elle ajouté, suivie d’une tonne d’applaudissements.

« Le gouvernemental fédéral échoue à sa responsabilité de fournir le financement pour que ces étudiants [autochtones] puissent effectivement aller à l’université! » a clamé Adam Awad président de la FCÉÉ. La Fédération dénonce notamment le fait que l’augmentation du financement du Programme d’aide aux étudiants de niveau post-secondaire, à travers lequel les étudiants autochtones reçoivent du financement, soit plafonnée à 2% depuis environ 10 ans, une augmentation qui est moindre que celle des frais de scolarité dans plusieurs cas.

Quant à Liz Kessler, vice-présidente aux affaires universitaires de la FÉUO, elle a fait écho aux demandes de l’AÉÉAC dans son discours : « Ce campus repose sur le territoire non-cédé des Algonquins, mais si vous explorez le campus, vous trouverez très peu de reconnaissance par l’Université que cette institution repose sur un territoire qui a été acquis par la violence ». Elle a aussi déploré « les programmes d’histoire […] fortement centrés sur une histoire blanche de colonisateurs ».

Appliquer Idle No More à l’U d’O

William Leonard Felepchuk, l’un des organisateurs du rassemblement du 9 janvier, explique que l’objectif n’était pas seulement de démontrer un soutien face au mouvement Idle No More, mais aussi de voir comment les principes de ce mouvement pouvaient s’appliquer au campus. C’est pourquoi il souligne l’importance des cinq demandes faites à l’Université d’Ottawa.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire