Léa Papineau Robichaud, Adjointe à la rédaction
Quatre ans mémorables
Quatre ans, on dira ce qu’on voudra, ça passe vite. Je me revois encore toute fébrile faire mon entrée dans une salle de 200 étudiants lors de mon tout premier cours de baccalauréat. J’ai l’impression que c’était hier.
Quatre ans, c’est le temps que ça prend pour transformer une jeune fille encore hésitante sur son choix de carrière en jeune femme confiante et prête à affronter le marché du travail.
Quatre ans, ça se remplit rapidement de bons souvenirs, surtout quand tu t’impliques à La Rotonde. Des défis surmontés, des belles rencontres et des grandes amitiés résument tout ce temps passé au 109 rue Osgoode.
Quatre ans, ce n’est qu’une infime partie de ma vie. Pourtant, je garderai à jamais gravés dans ma mémoire les bons moments et même les moments plus difficiles vécus à l’Université d’Ottawa.
Quatre ans d’épanouissement, de dépassement de soi et de passion, c’est ce qui me permet de dire aujourd’hui merci La Rotonde et bonne continuité!
David Beaudin Hyppia, Chef Actualités
Viva La Rotonda!
Durant mes années universitaires, je lisais La Rotonde, parfois, sans grand intérêt, parce que je la trouvais plate. Le journalisme ne m’a jamais intéressé, surement parce je pensais qu’il ne me permettait pas d’être aussi critique qu’un texte de pensée. Plusieurs de mes amis m’avaient demandé de venir travailler à La Rotonde, ils avaient besoin d’aide qu’ils me disaient. J’ai décidé de tenter ma chance, peut-être parce que je détestais la job que j’avais dans ce temps-là. Je me suis dit que finalement c’était une bonne idée. Je pourrais finalement faire d’un côté, des articles sérieux sur des sujets d’actualité qui sont intéressants, et de l’autre, publier mes idées! Mais j’ai surtout découvert que La Rotonde c’est comme une famille. C’est un travail qui n’est pas comme les autres. Il ne s’agit pas seulement d’écrire. C’est aussi des rencontres. En étant à La Rotonde, j’ai pu rencontrer des gens que je trouve très intéressant comme Gabriel-Nadeau Dubois, ou encore Georges Sioui. J’ai fait des rencontres avec des gens qui ont des idées, des projets, qui veulent changer les choses. Mais aussi des évènements importants, comme le référendum pour les Assemblées générales, les élections, etc. J’ai essayé de faire de ma section une section que j’aurais trouvée intéressante si je ne travaillais pas à La Rotonde. J’espère que tout ça vous a plu!
Marc-André Bonneau, Adjoint Actualités
Une histoire de perspectives
L’écriture d’un article permet d’explorer différentes perspectives d’un sujet. C’est de faire des ponts entre les idées qui proviennent de différentes sciences, différentes opinions. En plus des innombrables choses que j’ai apprises à travers mon expérience, j’ai vu qu’il est possible de réunir et confronter les différentes perspectives, et c’est là qu’elles ont le plus de sens. Je pense que le journalisme a été, pour moi, un excellent moyen de le faire.
Plus je passe de temps à l’université, moins je l’aime. Plutôt que d’opposer les idées, l’université fabrique des catégories où les asseoir tranquillement. Chaque discipline se limite en développant sa propre méthode et je considère le dialogue qui lie chacune des approches souvent très faible. Faire des liens entre les apprentissages que j’ai retirés de chacun de mes cours demande un effort important pour développer une pensée cohérente.
J’ai découvert La Rotonde lorsque j’en étais à cette réflexion. Elle m’a aidé à digérer le tout. Elle m’a permis de développer une vision d’ensemble du campus. Une vision des idées qu’il produit, comme l’opinion d’enseignants sur l’actualité, mais aussi des choses qui s’y passent. À quoi ressemblerait le campus sans ses syndicats? Sans les luttes des groupes minoritaires? La Rotonde rassemble les grandes questions de la vie universitaire et invite ses lecteurs à les réfléchir, et c’est pour cette raison que je suis fier d’en faire partie.
Sara Ghalia, Chef Arts
Je tire mon chapeau aux Rotondiens
La semaine dernière, un ami m’a envoyé une drôle d’invitation pour un spectacle. L’invitation était écrite à la main et on me demandait de me présenter au sous-sol d’un restaurant d’Ottawa. C’est avec beaucoup d’excitation et un peu d’inquiétude que je m’y suis présentée ce jour-là. Finalement, le spectacle, une courte pièce théâtrale, fut un moment exquis que j’aurais regretté l’avoir manqué. Travailler à La Rotonde, c’est un peu ça. Attendre avec effervescence les dernières nouvelles, penser aux questions les plus intelligentes qu’on puisse poser à quelqu’un – ce qui est plus facile à dire qu’à faire -, passer des heures à observer ce qui se passe sur le campus pour le résumer en quelques pages… et, parfois, regretter de ne pas l’avoir écrit autrement. Si je n’avais pas travaillé pour La Rotonde, j’aurais probablement passé mon année sans jamais m’intéresser à autre chose que le contenu de mes cours. Je ne cesserai pas d’encourager n’importe qui à sortir de sa petite bulle et de découvrir le campus sous un nouvel angle journalistique : remarquer les failles du système, réfléchir aux meilleures solutions, utiliser l’article comme un outil pour agrandir le rayon de vision des étudiants et les pousser à analyser par eux-mêmes les événements autour d’eux. En même temps, le travail de l’équipe rotondienne n’est pas très reconnu. Chacun jongle entre ses cours, La Rotonde et parfois un deuxième emploi! Nous avons tous connu des nuits blanches à finir tel ou tel article, à essayer de dénicher une information, ou tout simplement à rédiger un essai qu’on a mis de côté pour se concentrer sur La Rotonde. Au fond, ce que j’essaye de dire, c’est que ce qui fait que le journal est ce qu’il est aujourd’hui, c’est grâce au travail acharné de toutes ces personnes avec lesquelles j’ai eu la chance de collaborer cette année. J’ai hâte de retrouver ceux qui reviennent et rencontrer ceux qui commencent!
Nicholas DuBois, Illustrateur
Fissures
L’université est en crise. Pas une crise qui déferle d’un coup comme après la rupture d’un barrage affaibli, mais une crise qui se fait sentir d’un moment à l’autre, qui trace tranquillement l’ébauche d’une forme nouvelle. Pour la cerner, il est important de comprendre quelle importance l’université occupe dans l’imaginaire de ceux qui y font leur quotidien. Se dérobant de son héritage aristocratique pour se vêtir de l’instrumentalisation bourgeoise, l’université s’affiche (et ça se voit bien sur le campus) comme le lieu de découverte du potentiel, de soi, du succès – les mots d’ordre d’une éducation néolibérale – tout en cherchant à maximiser la rentabilité de l’éducation elle-même. Malgré tout, il existe un recoin de l’université qui échappe à la marchandisation. Je citerais ici Jacques Rancière, qui décrit cet espace :
« L’ambiguïté de la forme scolaire l’ouvre à une multiplicité de choix et de sens : pour les uns, elle est la réalisation de l’égalité citoyenne; […] pour d’autres encore un droit indépendant même de son utilisation plus ou moins réussie, quelque chose que les États démocratiques doivent aux désirs mêmes indéterminés de leurs membres. Le plus souvent, tous ces sens se mêlent et font de l’école non pas le masque de l’inégalité ou l’instrument de sa réduction mais le lieu de la visibilité symbolique de l’égalité en même temps que sa négociation empirique. » J. Rancière, Aux bords du politique, Paris, Gallimard, 2004, p. 101.
Le règne de l’apathie étudiante à l’Université d’Ottawa perdurera-t-il éternellement? Je ne reprocherais rien à ceux qui diront oui. Pour ceux et celles qui luttent sur le terrain de l’Université, la partie n’est toutefois pas jouée. Nous l’avons vu, notamment, lors du référendum sur les AG. Cette possibilité d’action collective est au centre de la crise, puisqu’elle se dresse explicitement comme une résistance à la gestion technocratique.
Samuel Poulin, Secrétaire de rédaction
L’amitié en vaut la peine
Que pouvais-je donc espérer d’un poste de réviseur/correcteur au sein d’une publication étudiante? Les plus aguerris du domaine n’auraient-ils pas pu m’en glisser un mot? Ne devraient-ils pas formuler une admonestation publique aux aspirants d’une carrière en lettres, un avant-propos, fût-il des plus fugaces, à La Révision linguistique en français, ou au pire dans la énième édition de mon Grevisse? Une indication du cicérone des passionnés de la langue me prémunissant de la qualité ingrate de cette profession, qui soit dit en passant n’a rien d’une sinécure, aurait certes été la bienvenue. Ajoutez à cette crânerie l’axiome cru que l’exercice consiste à hypothéquer des heures (une chance qu’elles sont rémunérées) interminables à polir, à rehausser ou bien à réformer complètement l’œuvre pour en faire un produit à peine commensurable aux normes journalistiques et pour lequel la contribution n’est aucunement soulignée. Hélas la lapalissade (woa! l’allitération) que l’horaire exige une mise à la tâche sitôt les textes déposés et le travail une entreprise de perfection dans un temps intraitable. Et parlons-en de cette perfection, car fût-elle atteinte qu’à une rare occurrence, seuls les exploits fautifs sont sujets à la rétroaction.
À cette description vériste (je ne suis pas partisan du vérisme) et schématisée de ce dont consiste le poste de Secrétaire de rédaction à La Rotonde, je m’y abonnerai encore si le tout serait à refaire. Car ce que je n’ai point épilogué, c’est bien l’amabilité et l’humanité de mes collègues. Lors de mon séjour avec La Rotonde, j’y ai rencontré des personnes sympathiques, dévouées et avec lesquelles je suis fier d’avoir travaillé en unisson pour le bien du porte-parole francophone qu’est le journal La Rotonde. Et pour cette seule raison, mon expérience y fut parmi les plus agréables de ma jeune existence.
Louis-Charles Poulin, Chef Sports
Une expérience formatrice
Occuper le poste de Chef de pupitre de la section des sports a été une expérience très enrichissante. La Rotonde m’a permis d’être publié sur une base hebdomadaire, ce qui est gratifiant pour quelqu’un comme moi qui souhaite faire une carrière dans le journalisme. Œuvrer dans un journal étudiant est une expérience formatrice que je conseille à tous. À mon avis, il est plus facile d’expérimenter de nouvelles choses et de choisir librement les sujets que l’on veut traiter dans un média comme La Rotonde. J’ai aimé m’occuper de la section des sports, car cela m’a permis d’élargir mes connaissances dans plusieurs disciplines. Par exemple, j’ai traité le sport sous plusieurs angles en faisant appel à des experts pour écrire mes articles. De plus, j’ai eu la chance d’assister à un bon nombre de rencontres sportives variées. J’ai passé une grande partie de mon temps à écrire sur les Gee-Gees, une organisation que je connaissais peu avant d’arriver à La Rotonde. J’ai été surpris par le calibre de jeu que l’on retrouve au niveau universitaire. Au cours de l’année, j’ai aussi discuté avec plusieurs athlètes de différents niveaux. Qu’ils fussent des universitaires, des sportifs professionnels ou encore des Olympiens, ils avaient tous des histoires passionnantes à raconter. Pour terminer, je souhaite que ma contribution au journal n’ait pas été positive que pour moi et j’espère avoir réussi à vous intéresser et à vous apprendre des choses.
Benjamin Roy, Directeur de production
J’ai juste ça comme choix?
Je ne vote pas. Désolé si ça te dérange, mais je ne vais certainement pas donner mon appui à un de ces partis-là, qui sont tous dans la même gang de toute façon, qui se tiennent dans les mêmes partys et qui font de la poudre avec les mêmes gangsters, pour ensuite se faire une fausse guerre d’idées dès que les caméras sont pointées vers eux. On sait très bien que tout ce qu’ils disent est un mensonge. On appelle ça une « promesse politique ». Moi, j’appelle ça un crime contre l’humanité. À l’école, j’avais des copies et des retenues quand je faisais une connerie. Eux, ils font ça comme job et leur salaire, c’est nous qui le payons. Je dis « nous » en incluant le crime organisé, parce qu’il paraît qu’eux aussi font leur part.
Je trouve que m’offrir la noble chance de voter pour des clowns une fois aux quatre ans en appelant ça « démocratie », c’est une criss de mauvaise joke.
« Si tu votes pas, t’as pas le droit de chialer après ». J’ai le droit de chialer certain : c’est toi qui l’as élu, pas moi. Si l’un des partis devient majoritaire par une seule voix, je prendrai le blâme. Autrement, qu’y mangent d’la marde avec leur système à la con. Je ne vois d’aucune façon comment mon vote pourrait apporter du changement positif autour de moi : mon vote ne va pas empêcher la prochaine Guerre mondiale, ni arrêter le déversement de déchets radioactifs dans l’océan. Mon vote ne va pas rétablir l’équité entre les riches et les pauvres, entre l’occident et le tiers-monde, entre les kids qui mangent pas leurs croûtes et ceux qui se tirent au AK-47 pour un morceau de pain. Entre ceux qui fabriquent une paire de shoes pour une poignée de change, et ceux qui l’achètent 200 $. Entre les peuples sous dictature et ceux qui se croient libres. Entre les immigrants et les racistes, entre les gais et ceux que ça dérange, entre les drettistes et les gratteux de guit’.
La politique ne va pas changer ça. C’est nous qui allons le faire quand nous serons obligés de s’unir sans se comparer. Et rendus là, on se rendra bien compte qu’on a le pouvoir de renverser le système et de vivre dans un vrai monde. Un monde où on a vraiment le choix.