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Chronique | Une exonération peu réfléchie?

29 octobre 2013

– Par Léa Papineau Robichaud –

La chancelière de l’Université d’Ottawa (U d’O), Michaëlle Jean, a annoncé il y a quelques semaines l’exonération des étudiants francophones internationaux. Eh oui, à partir de mai 2014, tous les étudiants étrangers qui s’inscriront à l’Université d’Ottawa dans un programme francophone payeront les mêmes frais de scolarité que tous les étudiants canadiens.

Face à cette annonce, je suis restée bouche-bée. Je suis surprise de l’injustice criante que cette mesure entraînera. Je suis aussi surprise du bien pour les francophones du Canada que pourrait amener cette annonce. En fait, je suis mi-figue, mi-raisin.

De l’injustice, il y en a à la pelleté dans cette bombe qu’ont lâchée les administrateurs de l’U d’O. Pourquoi les étudiants internationaux anglophones auraient-ils à payer près de 10 000 $ par session alors que les francophones ne paieraient que 3000 ou 4000 $? J’ai beau être profondément touchée par les droits des francophones au Canada, je trouve tout de même que c’est très inégal. En plus, cette mesure ne s’appliquera pas aux étudiants internationaux déjà inscrits. Non mais, il y a de quoi chialer!

D’un autre côté, la francophone en moi se réjouit puisque plus de francophones seront attirés à Ottawa. Si nous voulons que le français puisse survivre au Canada, il faut qu’il y ait plus d’immigrants francophones. C’est ce que m’a déjà affirmé Mark Power, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, lors d’une entrevue.

C’est donc une merveilleuse idée pour attirer des étrangers francophones, mais je me pose quand même une question : si l’Université a autant d’argent à dépenser pour les étudiants internationaux, pourquoi ne dépense-t-elle pas un peu pour aider les Canadiens francophones? Les bourses pour les Franco-Ontariens ont été coupées l’an dernier par le gouvernement provincial. Pourquoi l’U d’O ne tente-t-elle pas de combler ces coupures et de donner un coup de pouce financier à nos francophones?

J’applaudis tout de même cette idée risquée. La seule chose que je reproche à l’Université d’Ottawa c’est qu’elle semble avoir pris cette décision sans trop y réfléchir. L’impression que ça me donne c’est qu’elle a coupé les coins ronds en pensant seulement à son objectif de Destination 2020 d’avoir plus de francophones sur le campus. L’appât du gain monétaire que le gouvernement offrira à l’Université pour promouvoir la francophonie a peut-être aveuglé, ou du moins obstrué, la vue de l’U d’O.

L’exonération, c’est un pas vers une égalité pour tous. J’ose espérer que l’exonération s’appliquera aux autres étudiants internationaux dans quelques années. Et puis, je continue de rêver qu’un jour, les études postsecondaires pourront être gratuites pour tout le monde.

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