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Chronique : Rhétorique et crise des réfugiés : un roman à plusieurs tomes, rédigé par l’humanité

5 octobre 2015

Par Frédérique Mazerolle

Pour moi, septembre est le mois de la rentrée, des feuilles mordorées, du Pumpkin Spice Latte et de toutes ces belles choses de l’automne. Pour les réfugiés syriens, l’air automnal est noir, étouffant, sale et empli pour certains de l’espoir d’avoir un jour accès à ces belles choses.

Jour après jour, il devient de plus en plus difficile d’échapper aux nouvelles qui portent sur la plus grande crise des réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale. Du matin au soir, les articles dans nos journaux ne cessent de tomber sur le sujet. Et pourtant, il est toujours traité de la même façon.

Ô, maudits pays de l’Union européenne, pourquoi n’ouvrez-vous pas vos portes? Que feriez-vous si vous deviez fuir votre pays natal avec votre famille, pour vous entasser sur un p’tit bateau en espérant, peut-être, par chance, pouvoir rejoindre une côte plus sure? C’est affreux! Nous les Canadiens, on saurait les accueillir à bras ouverts.

Attendez, je vous arrête là. En êtes-vous sûr?

Que fait donc le Canada au fait, vous savez, la terre du « Grand Nord fort et libre »? Ben, pas grand-chose. Rien du tout. On est ben trop occupé avec les élections, avec le faux débat du niqab et l’intervention militaire salvatrice en Syrie.

Le silence pèse aussi lourd que la culpabilité qui a envahi nos esprits l’espace de quelques minutes quand a surgi, le mois dernier, la photo du petit Aylan Kurdi, le garçon échoué sur cette plage de Turquie. Après ces quelques instants, chacun s’en est retourné à ses occupations quotidiennes, parce que, après tout, tout le monde souffre, c’est la vie.

Si vous n’en êtes toujours pas convaincu, jetez donc un coup d’œil sur votre Facebook.

Dernièrement, des vidéos de soi, filmées à la verticale sur téléphone intelligent, fleurissent sur les réseaux sociaux. Elles commencent toujours pareilles, par un éloge de soi, comme pour rappeler aux gens comment les Canadiens sont de bonnes personnes qui ne discriminent jamais. Puis s’ensuit une phrase du genre « J’suis pas raciste, mais… », et alors on se demande où est passée la compassion du Canada.

 

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