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Chronique-Une réduction insensée

22 septembre 2014

– Par Alex Jürgen Thumm –

Ce n’est pas purement symbolique que les étudiants internationaux paient davantage de frais de scolarité que les étudiants domestiques. Il ne s’agit ni de racisme, ni de mépris exploitant à l’égard de l’Autre, mais plutôt de justice démocratique. En effet, presque la moitié des revenus de l’Université d’Ottawa (U d’O) provient de subventions du Gouvernement. Il existe donc une certaine durabilité fiscale à protéger. Tant que l’on veut abaisser les frais de scolarité, il faut le subventionnement de l’État. L’État ne se fait payer que par ses résidents à long-terme. En étendant nos privilèges aux non-résidents, le cycle est brisé et tous paient davantage pour maintenir le système à flot. Les études deviennent ainsi inabordables.

                  À partir de cette année, les étudiants internationaux qui étudieront en français ne paieront que les frais domestiques, soit environ 7000 $ au lieu de 21 000 $. Les autres continueront à débourser ce dernier montant pour le privilège d’endurer notre hiver, et ils s’indignent. Pourquoi l’Ukrainienne multilingue qui veut toutefois perfectionner son anglais doit-elle trois fois plus d’argent à l’U d’O que le Français unilingue et fortuné?

                  L’Université se dit fière de cette nouvelle. Il s’agirait d’une politique promotrice du bilinguisme, qui servirait aussi à l’internationalisation du campus. Ces arguments sont trompeurs. Il serait plus favorable de proposer des bourses importantes aux étrangers — tout comme les Canadiens sont récompensés avec des bourses d’admission — pour retenir les plus brillants ou nécessiteux d’entre eux, et non simplement des étrangers quelconques.

                  L’U d’O est un établissement partiellement franco-ontarien avant qu’elle n’est francophone. Je suis en accord avec la vision de faire vivre la langue historique du campus, mais qu’en est-il des Canadiens-Français? En rencontrant un étudiant québécois à Ottawa, ça m’étonne à chaque fois que cette personne a refusé les frais de scolarité avantageux du Québec pour venir payer le double ici. Avec tout l’argent dont jouit l’Université pour les étrangers, elle pourrait offrir encore davantage de bourses aux Francophones d’ici qui n’auraient pas les moyens autrement d’étudier. Ou encore offrir un régime semblable au rabais de 30 % pour les Ontariens aux

Québécois pour en inciter davantage à traverser la rivière des Outaouais. En effet, on « perd » 14 000 $ par étudiant en offrant ce privilège absurde ; avec le même argent, on pourrait payer à 50 % les études de quatre Canadiens-Français défavorisés. Une approche bien plus efficace pour atteindre le but d’un campus plus francophone.

                  L’idée est simple : l’U d’O, comme établissement public, est avant tout responsable aux Canadiens, et avant de prendre leur argent pour privilégier un groupe d’étrangers, qu’elle en ait besoin ou non, elle doit faciliter l’accès aux études des Canadiens. Il ne faut pas chercher du français ailleurs ; il y en a ici. Au fond, les Canadiens doivent payer beaucoup plus que les Européens pour étudier (même en français) en Europe. Sans la moindre réciprocité, la charité non justifiable de l’U d’O n’a pas d’allure.

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