– par Christopher Bernard –
Il faut donner à César ce qui revient à César. La Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), avec à sa tête Anne-Marie Roy, a pris une position courageuse l’année dernière. Lors de deux référendums consécutifs, le syndicat étudiant s’est prononcé en faveur des assemblées générales pour la FÉUO. Cette position signifie, théoriquement, que la FÉUO redonne certains pouvoirs à ceux qu’elle doit représenter et ainsi retire un peu de pouvoirs de la structure complexe du syndicat. Grâce aux assemblées générales, les étudiants pourront dicter leur vision à la FÉUO, en principe…
La nouvelle structure, qui sera testée pour la première fois le lundi 17 novembre, n’est certainement pas un remède à tous les maux qui affligent le campus. En exigeant un quorum de 1 % de la population étudiante du premier cycle (environ 350 étudiants), on ouvre une boîte de Pandore.
Certains étudiants se réjouiront d’un quorum si peu exigeant. Lorsque chaque groupe quelque peu organisé peut mobiliser une centaine de personnes, il est difficile d’imaginer que les assemblées générales ne réussissent pas à obtenir ce quorum. Dans le contexte de motions controversées, on peut s’attendre à ce que le quorum de 1 % soit un incitatif à un grand nombre de gens de participer pour s’assurer de ne pas se faire dicter la décision d’un groupe marginal organisé.
De l’autre côté, le quorum de 1 % fait en sorte de déresponsabiliser la masse étudiante qui ne se sentira pas concernée. On peut se demander comment la FÉUO compte implanter une mesure votée par 51 % d’une assemblée composée de 1 % des étudiants par exemple? Ce n’est pas parce que la FÉUO tient un vote qui est légal que le résultat de celui-ci devienne automatiquement légitime.
D’autre part, si le processus d’une assemblée générale est plus ouvert et axé sur le débat, comment être convaincu que c’est la voie à suivre pour plusieurs questions qui auraient pu être traitées par référendum? Il faut avouer que la formule d’assemblée générale est parsemée d’inconvénients. Non seulement il faut y engager des ressources importantes, mais la disponibilité des gens ne permet pas à tous de participer au processus.
Alors que lors d’une élection, les gens ont généralement trois jours pour pouvoir s’exprimer, une fois l’assemblée levée, le verdict sera tombé. Lorsque 5000 personnes veulent voter lors des élections, la structure le permet, rien n’est moins certain lorsque l’on parle de l’assemblée générale. Lors de référendums, il y a aussi une campagne qui fait en sorte que l’on peut débattre de la motion, l’assemblée générale est certes un lieu de débats, mais le débat peut se faire aussi dans un autre contexte. Bref, on engrange l’argent des étudiants pour promouvoir, certes, un processus démocratique, mais qui n’a pas nécessairement prouvé ses bénéfices.