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Chronique : Pour un activisme pragmatique

14 janvier 2013

– Par Philippe Pépin – 

Je ne peux pas m’empêcher de me sentir mal à l’aise en lisant les cinq revendications de l’Association des étudiants en études autochtones et canadiennes (AÉÉAC) de l’Université d’Ottawa (U d’O). Si on s’arrête quelques minutes pour évaluer vraiment quelle sera la portée de ces revendications, le lien de causalité avec l’accessibilité des jeunes autochtones aux études post-secondaires semble ténu.

Leurs revendications, si concrétisées, n’auront aucuns impacts sur la quantité de spécialistes de la santé, du travail social, de l’ingénierie, du droit, de l’éducation ou de la sécurité dans les réserves. La vie, la liberté et la sécurité, assurés par ces spécialistes, sont les piliers incontestables du développement humain. Sans ceux-ci, il est futile d’espérer une quelconque avancée sociale. Ces piliers figurent à l’article 3 de la Déclaration Universelle des droits de l’Homme et toute personne ayant le moindrement étudié le développement humain ou les droits humains vous en dira autant. Ces métiers demeurent essentiellement « blancs », tout comme les ressources humaines dans les réserves.

Une question d’argent ou d’aliénation?

Les requêtes d’augmentation des subventions ne tiennent pas compte des ressources déjà disponibles aux rares Autochtones qui tentent d’accéder aux études post-secondaires, ainsi que des sources réelles de l’absence d’Autochtones dans les universités qu’est l’aliénation dès le bas âge des enfants autochtones. Il existe déjà à l’U d’O des programmes de financement formidables pour les jeunes Autochtones qui entreprennent des études post-secondaires. Une recherche rapide dans la section des bourses du portail Infoweb démontre, qu’en ce moment, sont disponibles : Bourse pour Étudiants Autochtones, Bourse d’Études Mgr-Guillaume-Forbes ou encore Bourse de la Fondation pour l’Avancement des Jeunes Autochtones. Il existe, en Ontario seulement, douze bourses et programmes de bourses destinés essentiellement aux jeunes Autochtonesselon le Portail des Autochtones au Canada du site internet du Gouvernement du Canada. Notons ici que sont également disponibles des sources de financement provinciales sans distinction ethniques, pour ne pas mentionner que le financement des études des jeunes autochtones est du ressort des conseils de bandes. Il est vrai que les ressources manquent en matière d’éducation pour les Autochtones en réserve, mais c’est lors de l’enfance que cette carence est la plus criante, pas au niveau universitaire. Ainsi, selon les données du recensement de 2006, le taux de diplomation au secondaire chez les Autochtones est bien en deçà de celui de la population en général.. Qu’on m’explique la logique dans tout ça.

Que l’U d’O s’engage sérieusement dans des programmes ciblés pour les jeunes Autochtones, comme elle le fait si bien avec les jeunes du Québec dont la moyenne au secondaire est suffisamment élevée. Qu’elle lance des programmes de parrainage dès le jeune âge afin de s’assurer que les Autochtones qui entrent dans ses salles de classes aient les capacités de réussir les programmes auxquels ils sont admis. Ensuite, nous parlerons du fait que l’Université soit bâtie sur un sol autochtone, que les bâtiments portent les noms des plus grands donateurs et non de chefs de bandes et qu’il n’y ait qu’un institut d’études autochtones et canadienne plutôt qu’un institut dévoué entièrement aux premières nations.

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