Alexandre Henoud
Étudiant en traduction et en philosophie
Université d’Ottawa
Le saviez-vous? Les deux points de vue centraux sur cette simple plante animent les tensions entre raison médicale et récréation substitutive. D’une part, nous avons remarqué une augmentation de dispensaires médicaux, jusqu’à tout récemment, dans le paysage ottavien avec des magasins comme Cannaweed, Green Tree House, Weeds Glass and Gifts, pour en nommer quelques-uns et d’autre part, le marché noir qui est moins vert que ce qu’on le pensait.
Weeds Glass and Gifts ferme boutique aux deux emplacements d’Ottawa (au 77, rue Montréal et 224, rue Bank) mais ce dispensaire médical représentait un lieu de sécurité pour les utilisateurs médicaux du cannabis : a) être âgé de 19 ans et plus est impératif; b) tout engin électronique est interdit pour le respect de la vie d’autrui; c) une raison médicale doit être justifiée avec un diagnostic ou avec le RMFM, soit le Règlement sur la marijuana à des fins médicales.
Du sida au cancer de la prostate, de la dépression au trouble d’anxiété, nommez une maladie et vous découvrirez le vécu de la patiente ou du patient. Un éventail de produits de cannabis s’offre à eux : plantes, huiles, capsules, aliments, crèmes à appliquer, lubrifiants, cire, et j’en passe. Le tout est accompagné d’explications détaillées par le personnel.
La sensation d’apprentissage est l’objectif premier, du coup l’individu se sent comme chez lui et reconnaît la qualité du produit à l’œil nu. La première nuance apportée entre un dispensaire médical et le marché noir du cannabis reste le lieu d’achat.
En revanche, dans le cas contraire, l’atmosphère est totalement différente du dispensaire cité ci-dessus. Vous n’avez jamais mis les pieds chez cette personne et vous vous doutez à chaque moment de l’affaire que la police pourrait bien débarquer d’un moment à l’autre.
Vous n’êtes pas sûr de vous-même et toute votre confiance se base sur ce « connoisseur », alors ne vous méprenez pas si vous courrez un risque de paranoïa au beau milieu de la journée alors que vous souffrez d’anxiété. L’importance de la connaissance de son produit est capitale, mais pourquoi se diriger vers ces trafiquants de stupéfiants?
Le manque de soutien du gouvernement fédéral, voilà la réponse. Où est donc la liberté de se procurer un traitement médical dans un endroit sain, alors que l’alcool et le tabac gangrènent la dépendance sociétale à la mort? Une liberté de mourir est plus relative qu’une liberté de se guérir? C’est tout le débat du moment.
Imaginez donc un instant que le cannabis est légiféré au Canada : tout commerce de détail aurait son rayon marijuana avec ses décorations vertes comme tout thème occasionnel coloré de l’année, mais cela signifierait aussi que toute entreprise de tabac pourrait s’approprier cette culture du cannabis, alors qu’on la connaît comme étant plus artisanale que commerciale.
Préférez-vous un esprit sain dans un corps sain ou bien un esprit délabré dans un corps empaillé? Attention, la légalisation du cannabis est un bon point si les règles sont bien suivies à la lettre et que le stéréotype de cette plante ne soit pas une caricature; en revanche, le bémol est moins musical qu’on le souhaite : si la démocratie libérale nous permet de vivre d’égal à égal, alors c’est à la justice de trancher sur la morale des victimes et non le profit du pays.