– Par Rémi Charbonneau –
Qu’est-ce que le savoir? La connaissance? Quels sont les buts, dans une existence de finitude, d’apprendre des notions certaines sur le monde qui nous entoure? En d’autres mots, à quoi sert l’éducation?
Nous pouvons voir l’éducation dans son sens large, simplement comme son étymologie, qui vient de educo qui veux dire « mener » ou « guider » « hors de ». Anciennement employé en latin pour exprimer l’action que l’éleveur faisait quand il sortait les moutons (ou autres animaux) dans les champs. Alors, si nous nous référons à cette première définition qui peut sembler bien analogique, nous pourrions dire que l’éducation moderne est l’action (le rôle) de l’état, des professeurs et de tout autre membre de l’institution (la ferme) de nous guider hors de quelque chose. Deux concepts sont bien importants dans cette définition, c’est-à-dire « guider » et « hors », puisqu’ils proposent une ambiguïté sémantique au sein même du problème moderne.
Dans un premier temps, notre « éleveur » commun nous guide, certes, au travers des corridors des écoles, nous apprenant, de façon uniforme, ce qu’il pense important que nous sachions. En fait, si nous nous en tenions à notre définition étymologique, c’est tout à fait le rôle de l’institution que de nous guider. Par contre, il faut savoir extrapoler cette petite analogie, puisque le principe est de guider « hors » de quelque chose, ce quelque chose étant l’enclos, analogie facile pour l’ignorance. Ce qui, en d’autres mots, serait dire que le concept d’école est de donner une méthode aux élèves pour qu’ils sortent de l’ignorance, tout simplement.
C’est donc dire de ne pas nous guider vers un savoir spécifique qui, dans un but ultime, nous rend un objet mécanique dans l’économie. Ce qui me fait revenir à la question de départ : pourquoi? D’après la définition que nous avons vue, nous pourrions dire que éducation rime en fait avec libération. Victor Hugo écrit dans Océan prose « La liberté commence où l’ignorance finit », ce qui vient illustrer ces propos. L’éducation est, dans cette existence absurde et sans raison a priori, le rôle de nos aïeux, de l’institution, de nous mener hors de l’enclos de l’ignorance pour que nous soyons des êtres humains libres.
C’est avec cette liberté que l’Homme pourra décider, au gré de ses connaissances, de faire partie par la suite de l’organisation de la société et ainsi faire fonctionner le système. C’est par cette idée de liberté que l’éducation doit passer si nous voulons qu’elle accomplisse son devoir, non celui de faire de « bons citoyens », mais celui d’élever l’humain au-delà de sa condition et lui remettre les outils de sa propre libération.