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Chronique- A Mari Usque ça nous mènera

8 septembre 2014

Par- Ducakis D.-

L’occasion est plutôt belle et fortuite de parler de philosophie dans le journal étudiant. Si la démarche de La Rotonde s’inspire de celle du journal Le Devoir, il est à espérer que, de même, la matière soutirée par cet exercice poussera le lecteur à poser un regard réflexif sur l’actualité étudiante ou, tout au moins, à en rire et, qui sait, peut-être adopter le recul nécessaire face au théâtre, parfois grotesque, mais plus souvent ennuyeux, de l’actualité estudiantine.

Donc, comme il est prévu cette année, mes collègues et moi jouerons le rôle de papi-sagesse et tenterons d’insuffler ça et là, au gré de nos humeurs et celle du campus, notre grain de sel et bien plus à tout ce qui touche de près ou de loin le milieu universitaire.

La démarche peut paraitre prétentieuse, mais je crois profondément qu’elle participe à sa manière à l’enrichissement de la vie étudiante. En acceptant de poser nos grilles d’analyse philosophique sur un phénomène en particulier, on cherche à démontrer par le fait même que les petites et grandes activités qui se passent sur le campus participent à un horizon plus large d’évènements. Elles sont constitutives de ce que nous sommes et serons à l’avenir. Pour certains, l’université est seulement un passage obligé, un lieu où obtenir un diplôme, ou tout au mieux, un moyen d’améliorer socialement ses chances.

Pour d’autres, il s’agit plutôt de développer un sentiment d’appartenance à une institution, d’acquérir du vécu, ou de concocter de bons souvenirs qu’ils préserveront à la fin du périple. Cependant, nous constatons, qu’en fin de compte, nous sommes que la reproduction des mêmes schèmes sociaux. En somme, de simples éléments participatifs des grands rites de passage de la vie, comme la naissance, l’adolescence, le premier amour, etc. Heidegger verrait dans la reproduction de ces schématiques quotidiens la preuve même de notre inauthenticité.

À la vue de la semaine d’initiation, qui constitue l’évènement majeur du bal automnal pour plusieurs, je n’ai pu m’empêcher de faire appel au philosophe allemand. Pour Heidegger, la quotidienneté c’est la quasi-totalité de notre vie, c’est le monde des habitudes dans lequel nous nous reconnaissons. Cependant, cette manière d’être au monde dans la quotidienneté est aussi une manière de nous voiler à nous-mêmes que nous sommes finalement des proies à l’angoisse de la mort.

Dieu merci, pour ma génération, la mort demeure un horizon aussi lointain que les morts de Gaza ou ceux des autres catastrophes humaines ou naturelles. De sorte que notre angoisse suprême demeure le fardeau de la réussite. Pour l’instant, les soirées bien arrosées nous laissent croire que l’école est encore secondaire, mais les mi et fins de sessions sont là pour nous rappeler que comme pour toutes choses de la vie, la réussite ne vient qu’en travaillant. Et qu’en dernière instance, l’insouciance ne durera que le temps des derniers rayons du soleil de septembre, puis, tout au moins, il nous restera les amitiés et les souvenirs.

 

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