Par David Beaudin Hyppia
Nouveaux étudiants et futurs lecteurs de ce journal, vous nous rejoignez dans un moment bien triste. L’Université est mourante. Peu importe le nombre de transfusions qui lui sont administrées, son heure semble avoir sonné; peu importe le nombre de machines qui l’aident à survivre, ce qui l’animait est en train de disparaitre.
Ses docteurs croient qu’il ne lui reste que cinq ans à vivre. Ils prévoient son dernier souffle pour septembre 2020, vers 20 h 20, et cela au grand dam de ses coéquipiers. Tous ont versé une larme lorsque ses lumières ont commencé à faiblir. Les seuls à ne pas avoir été ébranlés semblent être ses entraineurs, qui se lavent les mains de son sort. « C’était son choix, elle a voulu ça », ont-ils ajouté, en se retirant.
En effet, l’Université aurait été gavée au bout de sa faim. Elle aurait avalé une trop grande quantité d’étudiants. Ce sont ses entraineurs qui voulaient qu’elle mette les bouchées doubles. Elle a souffert d’embonpoint, puis d’obésité morbide.
Son corps, ne pouvant s’adapter à une telle augmentation, a commencé à défaillir. Elle vomissait sporadiquement ses restants académiques sur ses voisins de chambre. Un de ceux-là, un sympathique quartier résidentiel, a vu son système immunitaire grandement touché le contact. C’est ce qui a permis à la bactérie « C-Gentrification » de s’infiltrer le long de ses rues. La bactérie serait déjà, malheureusement, en train de ronger ses artères.
L’Université aurait aussi subi de grands changements psychologiques depuis les 30 dernières années. Son psychiatre a d’ailleurs été poursuivi pour lui avoir conseillé le suicide. Il s’en est tiré, argumentant qu’il ne faisait que lui faire accepter son sort. Il avait remarqué qu’elle passait trop de temps à s’occuper de choses inutiles à la vie moderne, comme se questionner sur son rôle en tant que dernier bastion du savoir humaniste.
Encore là, il semblerait qu’un virus ait pénétré son corps tout juste après son opération dans le but d’augmenter la grosseur de sa glande Telfer. Le virus, non identifié par les connaisseurs, mais que plusieurs autres experts qualifient de néolibéral, s’attaque directement au système qui équilibre les savoirs dans le corps. Il force alors son hôte à mettre plus de financement dans quelques organes spécifiques, laissant les autres se détériorer.