Par Clémence Labasse
Je vous préviens tout de suite : inutile de cherche la moindre cohérence entre les bâtiments de l’Université d’Ottawa, vous n’en trouverez pas. Avec ses vertigineuses tours en verre, ses petits immeubles et ses massifs blocs de béton, rien n’est raccord sur ce campus. Les styles architecturaux des pavillons divergent et ne se ressemblent pas, tant et si bien qu’il serait facile de dire que l’U d’O n’a pas de caractère qui lui est propre.
Mais, à y regarder de plus près, cet agencement bizarroïde de bâtiments anciens et high-tech donne au campus un cachet tout particulier. Les bâtiments ont développé leurs propres personnalités, sans vraiment se soucier des autres.
Regardez Tabaret, le premier de la classe, qui affiche sa façade sur toutes les brochures publicitaires. La semaine dernière encore, il se pavanait dans les pages du Huffington Post, parmi les bâtiments universitaires les plus emblématiques du Canada. Eh oui, 110 ans déjà qu’il est le petit favori.
La nouvelle venue, FSS, compte bien lui voler sa place sous les projecteurs, avec son mur vert de 15 mètres de haut, le plus grand d’Amérique du Nord… elle fait moins la maline quand l’hiver vient et que son feuillage tombe.
Du haut de ses 12 étages, l’enfant gâtée, Desmarais est un peu jalouse. Pourtant c’est elle qui rayonne le soir, alors son immense enseigne lumineuse surplombe la capitale.
Ces deux-là oublient que d’autres ont été jeunes avant elles : maintenant un peu ringards, un peu dépassés, old fashioned pourrait-on dire, Simard et Arts se fixent, las, en se demandant quand on a arrêté de se soucier d’eux.
Les plus distants, SITE et Colonel By, font bande à part, malgré leurs différences. Le Colonel aimerait bien que ses classes et ses couloirs soient aussi modernes que celles de son petit frère. Il peut toujours rêver.
Enfin, il ne faut pas oublier Morisset. Le pauvre est depuis toujours en crise d’identité; bâtiment bâtard, partagé entre bibliothèque et salles de classe, il se demande encore pour quel usage il a été créé.
Avec son plan directeur, l’U d’O veut faire de son campus un lieu parfait et immaculé, moderne et uniforme. L’Université d’Ottawa ne se définit pas par son futur, elle est son passé et sa diversité, une encyclopédie de styles architecturaux.