Par Ghassen Athmni
Le programme de hockey masculin a été suspendu pendant deux saisons à la suite d’un crime dont deux éléments de l’équipe de l’époque ont été accusés. La suspension de l’équipe au complet et les répercussions que cela a eues sur les autres joueurs ont abouti à un procès intenté par quelques éléments qui estiment avoir été lésés et discriminés par le traitement que l’Université d’Ottawa et le Service des sports leur ont infligé.
L’U d’O, tout comme toute institution qui gère un programme sportif ayant une exposition médiatique, a pris des mesures dont le but déclaré était d’éliminer ce qui a conduit à ce scandale et d’assainir les conditions dans lesquelles évoluent ses équipes.
L’U d’O a donc, en tant qu’institution, affirmé que le crime en question est essentiellement relié au cadre disciplinaire de son programme de sport interuniversitaire. Ainsi, elle pose d’une part qu’il est possible que l’organisation d’un programme de hockey universitaire empêche de contrevenir à la loi et plus précisément de commettre des actes légalement et socialement répressibles. D’autre part, elle présente le scandale comme une contravention à un ordre à rétablir par le biais des mesures.
Ce qui m’intéresse dans cette situation n’est pas de m’opposer aux mesures disciplinaires. Il s’agit plutôt d’essayer de démontrer qu’en sa qualité de « coup de théâtre », le scandale, particulièrement mais pas seulement dans le sport et dans l’industrie du divertissement, est une amplification théâtrale d’une exception qui n’en est pas une. Dès qu’un événement atteint ce stade ou en prends des mesures, motivées par exemple par l’indignation de l’opinion publique, il devient une diversion qui participe de sa monstruosité au spectacle et au divertissement et avec laquelle on tente de faire admettre l’ordre établi en sa qualité de réalité contraire au scandale.
Que ce soit le dopage, la corruption, les infractions à la loi ou aux règlements, on pose que ce sont de simples disfonctionnements marginaux et qu’il suffit de punir les acteurs du scandale et prendre quelques décisions pour « rétablir l’ordre ».
N’est-ce pas, précisément, que les scandales et les infractions sont inhérents à cet ordre, dont ils ne seraient donc pas une exception, mais plutôt à la fois une part prépondérante de la réalité et une théâtralisation nécessaire à la perpétuation?