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Arts et culture

Chronique : Je ne fais que passer

6 septembre 2016

 Par Pylsie le nain voyageur                                                                            

Si vous avez eu la chance de voyager, il est probable que vous ayez expérimenté une vague amertume lors du retour. L’instant d’une semaine, d’un mois ou d’une saison, à l’occasion de rencontres impromptues, les échanges allaient de la culture aux mœurs, de politique aux histoires de fêtes. Il est probable que vous aillez partagé une tranche de vie avec de parfaits étrangers, vous donnant l’impression, ne serait-ce qu’un moment, que le monde était beaucoup plus grand qu’il n’en parait. Et pourtant, à votre retour, malgré tout le temps passé à vous imprégner d’autrui, vous revenez à la case départ.

Le blues du voyageur, voilà ce que c’est.

Il y a un « avant » et un « après » voyage. Figés dans le temps, ces jours passés en dehors de votre routine semblaient si réels, si vifs et authentiques. Ces rencontres éphémères étaient honnêtes, bien que les promesses de garder contact restent souvent en suspend. Être voyageur, c’est accepter de se détacher avant même d’avoir rencontré.

Et pourtant, une fois contracté, la maladie du voyage ne fait que prendre d’assaut chaque cellule de votre cerveau et grossir au point de vous cancériser l’existence. Chaque entre-deux devient une sorte de routine floue, monotone et aigre-douce. Chez les patients les plus infectés, le retour au bercail ne devient qu’une façon d’amasser des centimes pour repartir vers de nouveaux traitements.

L’un des trucs pour ne pas trop se ruiner tout en explorant, c’est d’être touriste dans sa propre ville. Après tout, connaissez-vous réellement chaque recoin de votre région? Connaissez-vous par cœur chaque ruelle, chaque commerce, chaque restaurant? Savez-vous le nom de tous les habitants du quartier? Probablement pas. Une escapade de fin de semaine, c’est l’idéal pour combattre la grisaille. Et si le mal ne change pas de place, écartez-vous un peu de votre demeure et expliquez,  lors de nouvelles rencontres, que vous ne faites que passer.

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