– Par Christopher Bernard –
Il y a très peu de sujets qui ne sont pas propices à la partisanerie et aux gains politiques lorsque l’on fait partie du gouvernement conservateur de Stephen Harper. La preuve en a été faite encore une fois cette semaine alors que le gouvernement conservateur s’est servi de la crise internationale que constitue l’État islamique pour faire de la petite politique.
Mardi dernier, alors que le gouvernement annonçait une nouvelle mesure pour révoquer les passeports de Canadiens partis à l’étranger se battre pour le djihad, le ministre de l’Immigration Chris Alexander en a profité pour marquer la différence entre l’approche conservatrice et celle libérale. Cette nouvelle mesure, selon le gouvernement, était la preuve que seul le gouvernement conservateur avait un plan crédible pour lutter contre le terrorisme.
Le ministre Alexander faisait alors référence à un commentaire jugé impertinent par les conservateurs dans la foulée des attentats du marathon de Boston que le chef du Parti libéral avait fait. Celui-ci avait alors cru pertinent de souligner « les causes profondes qui expliquent l’engagement terroriste ».
Cette vision de la lutte au terrorisme est un contraste évident de la vision conservatrice. La vision conservatrice est simple : il faut être dur avec les terroristes, comme il faut être dur avec les criminels. Essayer de discuter avec eux, de comprendre le pourquoi, c’est être mou. Le Canada n’est pas un pays de mous, il importe donc de se tenir debout bien droit devant la menace djihadiste. C’est pour cette raison que le Canada doit se joindre à la coalition internationale pour combattre l’État islamique et suspendre les passeports des combattants canadiens.
Au lieu de reconnaître que les organisations terroristes qui fleurissent au Moyen- Orient en ce moment sont largement alimentées par des jeunes occidentaux, Stephen Harper décide de réduire le phénomène à sa plus simple expression : les méchants sont au Moyen-Orient, on va les éliminer, le problème va être réglé.
Il existe cependant un problème systémique en Occident. Comment se fait-il que des sociétés supposément évoluées comme la nôtre continuent d’alimenter en djihadistes les groupes extrémistes? Est-ce un problème d’intégration? Peut-être, mais ce n’est certainement pas en évitant la question que le phénomène se résorbera.
Alors non, M. Harper, le problème ne sera pas réglé par des frappes aériennes sur les positions stratégiques de l’État islamique. Il faut plus que ça. Il faut un examen de conscience. Il faut, comme l’a dit M. Trudeau, se demander pourquoi un jeune Canadien voudrait aller se battre en Syrie pour l’État islamique. Tant et aussi longtemps que vous ridiculiserez l’idée même de se poser ces questions, le terrorisme se portera très bien.