– Par Didier Pilon et Alexandre Millaire –
Studio Café était bien plus qu’un simple café. Avec ses ateliers artistiques, son espace studio partagé et ses événements culturels en direct, Studio Café se voulait un endroit contemplatif, propice à la création. Depuis son ouverture, il a accueilli poètes, musiciens, peintres et même des cinéastes. En effet, cette initiative de Crystal Beshara, peintre réaliste bien décorée, avait comme mission de nourrir la scène artistique de la région. Toutefois, après seulement sept mois, il ferme déjà ses portes.
Certes, certains citeront des problèmes de gérance, que le studio a tiré d’une base artistique large mais peu profonde, où les ateliers se multipliaient en dépit d’une clientèle limitée. Certains diront que le modèle café et galerie d’art n’était pas soutenable puisque le café rapporte peu et l’achat d’art est hors de la portée de la plupart des gens. Encore d’autres diront que le lieu n’était pas assez central, placé en marge du village de Hintonburg, sur Somerset… Ils ont sûrement raison.
Cependant, on ne peut s’empêcher de voir une tendance plus large. En effet, ce n’est pas la première fois qu’un projet du genre fait faillite dans la région. Il y a à peine un an, le Café Show a subi le même sort. Cette entreprise, unique en son genre, avait comme mission de mettre en lumière la scène théâtrale de la région. Ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
Nous aimerions profiter de la situation pour nous questionner en tant que consommateurs. On ne peut s’empêcher de remarquer que les Starbucks, Second Cup et autres grandes chaines environnantes semblent à l’abris des difficultés financières qui affligent les cafés indépendants. Certes, à chacun ses goûts et à chacun la liberté de disposer de son argent comme il ou elle le souhaite. Mais il faut d’abord prendre conscience que nous créons un monde en le faisant. Nous soutenons de grosses corporations au détriment des entreprises locales. Nous donnons notre argent à des multimillionnaires tout en créant des emplois à salaire minimum. Bref, tous les jours, nous votons avec notre portefeuille.
C’est dans cet esprit que La Rotonde s’est donnée la mission de promouvoir la scène artistique locale, dans l’espérance de protéger une communauté qui lutte à contre-courant pour assurer sa survie. Trop souvent, on entend dire qu’Ottawa est une ville de bureaucrates ennuyante. Toutefois, ce sont ces mêmes gens qui donnent leur argent aux multinationales, aux compagnies de câble et aux géants de l’industrie musicale plutôt que d’encourager les artistes de la région qui ne veulent rien d’autre que partager leur art. Il ne faudrait que leur donner cette chance.