Frédérique Mazerolle
Être journaliste, ce n’est pas nécessairement toujours une partie de plaisir. Oubliez tout le glamour à la Lois Lane qu’Hollywood essaye de vous faire croire, c’est pas ça le journalisme.
Entre avoir son téléphone mobile scotché à la main 24/7, être constamment en course contre le temps pour respecter ses échéances et se voir fermer de nombreuses portes en plein visage à la simple mention du mot « médias », ce n’est pas une profession qui vous laisse beaucoup de répit. Ça, c’est sans parler de la presse papier qui meurt à petit feu. Mon cœur de nostalgique d’un temps que je n’ai pas connu souffre rien qu’à y penser.
Pourtant, ceux et celles qui sont assez fous pour continuer à écrire, à remettre en question et à critiquer vous diront que le journalisme est toujours une des plus grandes nécessités de ce temps pour le bien-être de notre démocratie. Entre passion et savoir, le journalisme reste un mécanisme de revendication de la vérité et un outil qui oblige les puissants, les malhonnêtes et les incompétents à faire face à leurs responsabilités, qu’ils aiment ça ou non.
Si c’est bien le cas, si c’est vraiment ça le journalisme, faut croire que je suis complètement, royalement, absolument zélée. Comme le disait autrefois Serge Gainsbourg, la société m’a définitivement abimée.
Je refuse de marteler de mes pas les couloirs de ce qui deviendra mon alma mater sans ouvrir les yeux sur la réalité de mon administration. Je refuse de vivre une vie estudiantine où il faut mieux de se taire plutôt que de dire les vraies affaires. Je refuse de me soumettre à un gouvernement étudiant dont le silence peut maintenant s’acheter à la modique somme de 30 000$ par année.
Cela étant dit, il est bien difficile de suivre les derniers scandales de la Fédération étudiante (FÉUO), aussi ridicules soient-ils, et ce sans sourciller. Quand on aperçoit jour après jour ses dirigeants crier à l’injure quand les opinions ou paroles de critiques ne sont pas cohérentes avec leurs actions, il devient difficile de ne pas formuler les mêmes jugements à leur égard. Vous qui demandez à ce que l’Université soit plus transparente, peut-être devriez-vous ne pas reproduire en pire leurs pratiques ? À ce jour, mille de nos mille et une questions restent sans réponses.
Malgré le mur érigé pour contrer les fuites d’information, celui-ci n’est pas infaillible. Ce n’est qu’une question de temps avant que le poids du silence y cause des fissures. Oh! Où est donc Roméo quand on cherche des réponses? Surement pas dans son bureau, selon notre expérience.
À La Rotonde, nous avons, depuis plus de 80 ans, cette réputation d’être des fauteurs de trouble. Des moustiques qui ont soif de corruption et de mensonges. Mais surtout, des guerriers armés de stylos et de sens critique dans leur combat éternel contre le silence. D’où notre plus grande angoisse, c’est celle d’être aussi ennuyant qu’un communiqué.
Je lève donc mon doigt d’honneur de journaliste indignée par l’omniprésence de la culture du silence.