– Par Alex Jürgen Thumm –
Il y a deux semaines, La Rotonde a publié un dossier sur le transport dans la région. Pourtant, mon collègue Christopher Bernard m’a souligné après le fait que nous avions complètement oublié une part importante de notre lectorat : celle qui monte tous les matins dans des bus immatriculés avec le slogan « Je me souviens ». Hélas, quel embarras! En effet, à part d’avoir revendiqué l’extension du U-Pass pour les étudiants résidents de Gatineau, je regrette de ne pas avoir traité de manière plus approfondie de la réalité de la congestion desdits Rapibus de la STO à l’heure de pointe, de l’insuffisance des horaires la nuit et de la pure distance nécessaire à parcourir.
La plupart s’arrangent admirablement bien au quotidien, et notre campus principal n’est pas aussi loin que ça des arrêts de la STO au Centre Rideau (or plus loin que le Transitway). Pourtant, le coût est cocasse. Moi le résident ontarien, je paie 376 $ pour l’année scolaire, alors qu’à Edmonton, le U-Pass de 258 $ couvre trois réseaux de transport. Un étudiant qui habite Gatineau paie 540 $. Aucune surprise donc que je me souvienne de voir tant de plaques d’immatriculation québécoises sur le campus : pour seulement 750 $ par année pour le stationnement, un covoiturage à deux ou trois devient facilement plus avantageux que les transports en commun. L’ironie est décourageante : là où les loyers sont plus abordables pour les étudiants (400 $ de moins en moyenne pour un 4 1/2), on te force à payer pour le privilège.
Peut-être que la solution ultime est bien plus radicale qu’un U-Pass interprovincial. Dans « The Unimagined Canadian Capital: Challenges for the Federal Capital Region », on propose le non proposable : un réel district fédéral, indépendant et interconnecté. Pensez Washington, D.C., ou Canberra, en Australie. Plus d’OC Transpo ; plutôt, « OG Transpo ».
À moins que vous ayez déjà irrévocablement vendu votre âme (c’est-à-dire, vos REER) aux compagnies pétrolières, il n’y a aucun mal, à mon avis, à rêver. Dans mon livre à moi, le campus idéal serait celui sans autos. Allons-y.
Il n’y aura ni stationnements, ni rues. Au lieu, que des espaces verts avec le minimum d’asphalte nécessaire pour se déplacer aisément. Pensez aux plus beaux des parcs. L’Université de la Colombie-Britannique, elle, a un énorme jardin japonais sur place. Les anciens stationnements souterrains, quant à eux, seront convertis en salles de cours pour contourner le besoin de tenir des cours hors du campus principal. Celui-ci aura une atmosphère complètement différente de la ville, il sera un parc. Les points de repère ne seront plus de larges rues laides et quand même peu utilisées, mais la verdure.
Et quelle en serait la conséquence, franchement? Une grève d’amoureux d’autos? Allez à la page Wikipédia « List of car-free places ». Bien des campus et des centres-villes l’ont déjà fait, sans enfanter la fin du monde.
Le défi étant, bien entendu, que l’Université a effectivement des investissements en énergies fossiles. Bannir l’auto, nous dira-t-on, n’est donc pas dans notre intérêt financier. Tant pis : nos stages non rémunérés ne nous payeront pas d’auto quand même.