– Par Alex Jürgen Thumm –
Ma seule résolution de 2015 est loin d’un « enrichissement individuel » typique du nouvel an (les études montrent que la majorité d’entre elles échouent quand même) et ça m’a pris peut-être une heure pour la mener à bien : je tourne le dos à Google pour toujours. Face aux scandales autour de la vie privée et de la NSA, je ne me retrouve pas seul. Les lois et les tribunaux aux États-Unis ont jugé que toute compagnie américaine soit obligée de fournir tout courriel au gouvernement à sa demande. Et ça se fait. Les politiques de Gmail elles-mêmes se permettent dans les faits d’accéder à tous nos courriels aux fins de markéting, mais en principe pour n’importe quelle raison. Un avocat de Google a récemment prétendu qu’« une personne ne peut avoir aucune attente légitime à la confidentialité des informations qu’elle transmet à un tiers », soit à Google. En effet, Gmail analyse tous nos courriels afin de mieux cibler les publicités. C’est le principe de la chose qui m’offusque : même si je n’ai rien à cacher, je ne peux pas soutenir une entreprise, ou bien un pays, qui fait affaire de cette manière. Il faut la boycotter. Or, ce n’est pas autant le manque de respect et de confidentialité que je trouve le plus répugnant, mais ce furent des raisons environnementales qui m’ont repoussé. On s’entend que Google est au cœur de la fouille de données. Google sauvegarde tout dans le fameux « Cloud » de données. Lorsqu’on supprime un courriel dans Gmail, il n’est pas garanti qu’il soit véritablement
supprimé : il les garde dans ses serveurs pour mieux nous saisir. Les serveurs requièrent énormément d’électricité. Gare aux promesses d’écologisme de Google. Il se vante d’être ami de la nature en investissant dans les énergies renouvelables, mais ça ne compense pas son empreinte réelle. Finalement, je crois qu’il est temps de cesser de permettre aux États-Uniens le monopole de tout ce qui relève de l’informatique. Presque 100 % des entreprises informatiques que l’on peut nommer sont américaines. Pourquoi ne pas enfin donner une chance à d’autres pays? Google se montre décevant sur le plan de la neutralité du web, sans mentionner son évasion des impôts jusque dans les milliards de dollars en hébergeant ses profits à Bermuda. Il exploite les lois partout dans le monde avec des instances en Russie, en Angleterre et en Irlande. Donc je boycotte Google autant que je le peux. Je me sers de DuckDuckGo comme moteur de recherche, un moteur multilingue et comparable à Google qui ne sauvegarde pas nos recherches. Comme fournisseur de courriel, j’ai découvert Posteo.de (l’Allemagne jouit d’une politique de vie privée exceptionnellement forte), dont les initiatives environnementales incluent 100 % énergies renouvelables. Il a un site complet en anglais. Il y a aussi OpenStreetMap, même si je dois avoir recours aux Cartes Google pour les transports en commun. Pour le reste de mon dernier semestre ici, je suis laissé avec mes comptes Gmail de l’Université et de La Rotonde. Peu à peu, je m’en débarrasserai.