
Centre de formation continue : L'éducation comme arme contre la corruption
Yasmine Mehdi
En décembre dernier, plusieurs médias annonçaient que le Centre de formation continue de l’Université d’Ottawa (U d’O) lançait, en partenariat avec la GRC, le Centre canadien d’excellence en anticorruption (CCEA). Mais quel est le mandat de ce centre qui offre des cours non-crédités pouvant coûter des centaines de dollars par jour?
Quand l’étudiant lambda feuillette la brochure des cours offerts par le Centre de formation continue, il ne peut s’empêcher d’avoir des frissons dans le dos et pour cause : pour un cours de sept heures, les prix peuvent varier de 340 $ à 1785 $.
La situation est d’autant plus déconcertante quand l’étudiant découvre que ces cours ne peuvent être crédités pour aucun de ses cours universitaires.
Pour comprendre ce qu’est le CCEA, Serge Blais estime qu’il faut comprendre d’abord le rôle du Centre de formation continue, dont il est le directeur : « Nos cours sont offerts à des clientèles hors-champs, majoritairement aux fonctionnaires fédéraux. »
Le Centre de formation continue est une entité autofinancée à but non lucratif séparée du budget de l’U d’O, dont les fonds proviennent des frais payés par les 7000 personnes suivant les 650 cours offerts par année.
Si la clientèle est principalement composée de fonctionnaires, celle du CCEA demeure particulière : « Le CCEA est un centre spécialisé surtout pour les chefs d’entreprises faisant des affaires outremer », explique Blais.
Destiné à aider ces entrepreneurs à distinguer différence culturelle et pratique non-éthique, le CCEA a vu le jour après que la GRC se soit plainte du manque de connaissances des entrepreneurs en matière de corruption. Six mois plus tard, Blais se dit très fier de son « dernier bébé », après que des lettres d’appui lui aient été envoyées par Transparency International et UN Global Compact.
Les étudiants : une partie intégrante du projet
Si les cours à proprement dit ne devraient débuter qu’au printemps, le programme pro-bono annuel du CCEA est déjà sur pied. Dans le cadre de celui-ci, des étudiants en droit et MBA travaillent, dans le cadre d’un stage bénévole, sur la création d’un plan de pratiques éthiques avec une PME, soit JCM Capital.
Martin Ritchie, cofondateur de la compagnie en question, s’est dit ravi de la participation des étudiants : « Nous les avons trouvés très enthousiastes et ils ont apporté une valeur ajoutée à notre expérience en suggérant des idées créatives. »
Si le CCEA n’en est qu’à ses balbutiements, Blais a révélé que des « discussions informelles » avaient déjà eu lieu avec plusieurs universités pour reproduire le programme sur le plan national. Une façon, pour le directeur, de servir la communauté tout en faisant briller l’U d’O.