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« Pourquoi célébrer être Canadien.ne ? »

1 juillet 2021

Crédit visuel : Nisrine Nail – Journaliste 

Article rédigé par Nisrine Nail – Journaliste

Aujourd’hui, le 1er juillet, se déroulent plusieurs marches partout à travers le Canada soutenant le mouvement #CancelCanadaDay. Un des rassemblements a lieu dans la région d’Ottawa-Gatineau. Les militant.e.s autochtones et leurs allié.e.s marchent à partir de l’établissement gouvernemental des Affaires autochtones et Développement du Nord Canada  jusqu’au Parlement à 11h30. 

Victoria Marchand, étudiante dans la faculté des sciences sociales et coordonnatrice du Centre des ressources autochtones Mashkawazìwogamig, informe que cette marche a pour objectif de mettre en lumière les enjeux autochtones. Elle fait notamment le lien avec les restes des enfants autochtones découverts à travers le pays. « Cette marche questionne ce que nous pouvons faire au lieu de célébrer le Canada. Nous ne devrions pas célébrer ce pays pour commencer. C’est inapproprié, surtout cette année », ajoute la coordinatrice.

Être Canadien.ne, ça veut dire quoi ? 

Julien Tardif, étudiant en science politique et communications à l’Université d’Ottawa (U d’O), exprime que selon lui, célébrer la Fête du Canada après les découvertes des tombes non marquées durant les dernières semaines serait « très insensible » aux familles toujours en deuil. Il ajoute que ce pays, qui aurait dû assurer la protection des droits et la vie, est le responsable de la disparition de leurs enfants. 

C’est pourquoi, selon l’étudiant uottavien, le gouvernement devrait au moins annuler les célébrations. Il renchérit que le gouvernement ne peut simplement se contenter d’une action symbolique mais mettre en place un procédé réel de réconciliation. « Une reconnaissance du traitement génocidaire que le Canada réserve aux populations autochtones ne devrait pas s’arrêter à des allocutions à l’eau de rose, mais par une reconnaissance légale de ce traitement et des réparations », affirme-t-il.

Marchand partage qu’elle célébrait auparavant la Fête du Canada en tant qu’autochtone. 

« En grandissant, j’ai pensé que c’était amusant d’avoir un congé et de voir les feux d’artifice. Néanmoins, plus nous avons accès à des ressources, plus nous pouvons nous interroger sur ce qu’être Canadien.ne signifie. Je ne suis pas Canadienne. Je suis autochtone, je suis membre des Premières Nations, je suis Anishinabekwe de Kitigan Zibi. Pour moi, célébrer la Fête du Canada, c’est comme une gifle ».

Elle explique que le colonialisme existe toujours et cette réalité a des conséquences désastreuses sur les communautés autochtones. Marchand indique notamment que ces tombes non marquées sur les sites de pensionnats ne sont pas traitées comme des scènes de crimes alors qu’elles le sont. « Le colonialisme continue de tenter de détruire les communautés autochtones et cela devient de plus en plus évident à chaque fois que le corps d’un enfant est trouvé », signale la coordinatrice et étudiante uottavienne.

Selon elle, la marche d’aujourd’hui est une manière de « reconquérir » la Fête du Canada. Marchand est une autochtone des communautés de Anishinabekwe, et elle rappelle que la capitale du Canada se trouve sur des terres non accordées par un traité avant la Confédération. « C’est notre terre volée, non cédée, c’est un territoire algonquin Anishinabe », conclut-elle. 

Relation entre l’Université et les autochtones 

Marchand tient à souligner qu’elle comprend que chacun se trouve à différents moments dans leur parcours de désapprentissage et d’apprentissage. Certains domaines du curriculum universitaire ont besoin d’amélioration, remarque-t-elle. C’est pour cela que le Centre des ressources autochtones Mashkawazìwogamig travaille avec l’U d’O pour apporter ces changements et créer un « soutien authentique et une relation authentique ». 

La coordinatrice soutient que la publication récente du Plan d’action autochtone de l’U d’O doit être remise en circulation auprès des facultés, du personnel et des étudiant.e.s de l’Université. « Il existe d’excellents documents à la disposition des membres du campus qui se demandent ce qu’ils peuvent faire », propose Marchand.  

Marchand estime que l’établissement de relations entre l’équipe des Affaires autochtones et les différents départements de l’Université fait partie du processus de désapprentissage et d’apprentissage. Elle atteste que ce processus instructif est lent, mais qu’il se dirige dans la bonne direction.

 

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