Arts et culture
Par : Yasmine El Kamel – Journaliste
La pièce de théâtre Testament a été jouée du mardi 28 novembre au samedi 2 décembre par des étudiant.e.s en théâtre dans la Salle académique de l’Université d’Ottawa. Anne-Marie Ouellet, professeure à l’Université, s’est occupée de l’adaptation théâtrale basée sur l’autofiction de Vickie Gendreau. L’équipe y travaillait depuis le mois d’octobre, avec cinq répétitions par semaine. Le livre Testament est inspiré de la vie de l’auteure décédée d’une tumeur dans le cerveau le 11 mai 2013, à l’âge de 24 ans. Elle y met en scène sa propre mort en imaginant les réactions de ses proches.
Un hommage à Vickie Gendreau
Marie-Pier Chayer Demers, une des actrices, nous indique que tous les acteurs de la pièce jouent le rôle des amis de Vickie. « Pour la plupart du spectacle, personne n’a de rôle fixe », bien que dans certaines scènes, il y en a qui incarnent le rôle de la mère et du frère. Mélanie Thévenaz, également actrice, affirme de son côté qu’il n’y avait pas vraiment de personnages à interpréter et que « nous étions nous-mêmes qui essayons de faire hommage à Vicky en portant son texte ». Ouellet explique que « le spectacle prendrait la forme d’une célébration de la vie de Vickie » afin de rendre « hommage à une jeunesse passionnée, révoltée et réelle que [l’auteure] représente ».
Miser sur la performance
Constamment en mouvement, les acteurs dansaient, chantaient, criaient et tombaient sur scène. Ouellet affirme que « l’écriture à la fois crue et poétique » lui semblait « propice à une mise en scène performative où les acteurs pourraient garder une liberté d’action tout au long du spectacle ». Thévenaz adore ce style de théâtre où l’acteur est pleinement dans son corps et bouge à sa façon.
Amélie Duguay est d’accord pour dire que ce sont ses moments préférés, tout en précisant que ça demande beaucoup d’énergie « car il faut pouvoir passer d’une situation à la danse rapidement. Il ne faut pas avoir peur de bouger, de s’y plonger à fond […] ce qui peut paraître à une chorégraphie à la fin du spectacle ne l’est pas ».
« On aime ou on n’aime pas »
Chayer Demers trouve l’écriture de Vickie Gendreau « touchante et très rythmée ». Elle ajoute qu’ « entre la poésie et le théâtre, ses paroles imagées nous laissent découvrir de nouvelles façons de dire les choses ou d’entendre le texte ». Ouellet est d’accord. Bien que crue, son écriture est d’après elle « très littéraire et parsemée d’images très fortes. »
Même si l’auteure y évoque des aspects difficiles de sa vie, la metteuse en scène ne trouve pas cela choquant et s’est « assurée que les comédiens se sentaient à l’aise avec ce qu’ils partageraient sur scène ». Ouellet mentionne également la dérision utilisée par l’auteure, qui ne se prend pas au sérieux dans ce qu’elle raconte.
Chayer Demers qualifie le style de l’auteure comme « intéressant, mais difficile à suivre », « on aime ou n’aime pas, c’est peut-être l’effet recherché pour représenter sa tumeur ou c’est peut-être sa tumeur qui s’inscrit d’elle-même ». La jeune actrice nous confie qu’elle était en deuil pendant la période de répétition. Bien que c’était difficile pour elle de travailler sur un texte qui s’approche de ce qu’elle a vécu, ça l’a beaucoup nourrie et aidée à « mettre des mots » sur ce qu’elle ressentait.