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Procrastination

Le voyage de Sandrine

2 février 2020

Crédit visuel :  Sandrine Bernier-Collard

Par Sandrine Bernier-Collard – Contributrice

Il y a un an…

Si tu m’avais dit que j’allais m’acheter un billet d’avion pour l’autre bout du monde, sans me soucier de l’argent dans mon compte en banque, que j’allais me perdre en Asie du Sud-Est pendant trois mois ; je ne t’aurais jamais cru.

Si tu m’avais dit que, durant ces trois mois, j’allais tomber malade comme je ne l’ai jamais été auparavant, que j’allais vivre des expériences qui me feraient frôler la mort et rencontrer une solitude que je n’avais encore jamais connue ; j’aurais eu beaucoup trop peur de partir.

Si tu m’avais dit que, pendant ce voyage, j’allais vivre les moments les plus enrichissants, rencontrer les personnes les plus attachantes, et voir les choses les plus incroyables que j’ai vues de ma vie ; j’aurais espéré, j’aurais voulu, j’aurais rêvé.

Jamais je n’aurais pensé que tout cela était possible.

Le quotidien avant le périple

Un matin d’avril, entre deux examens, j’ai appelé mon amie et une heure plus tard nos allers simples étaient réservés : le 11 septembre 2019, à 16:00, nous partirions en direction de Bangkok, en Thaïlande.

Les mois qui ont suivi ont été une torture. J’en avais marre d’être à Ottawa, de voir les même ami.e.s, de souper avec la même famille, d’avoir le même emploi. C’était nécessaire parce que, dans quelques mois, j’allais tout laisser derrière moi et partir sans savoir quand j’allais revenir.

Je n’avais jamais eu autant envie d’être perdue, de ne pas être reconnue, de ne pas risquer de croiser quelqu’un que je connaissais, de ne pas être capable de recevoir un appel qui me dirait de rentrer au travail le matin ou un courriel qui annoncerait la date de mon prochain examen.

Alors, pendant les cinq prochains mois ; j’allais endurer. Mon objectif premier était l’argent. J’ai travaillé entre 10 et 15 heures par jour, sept jours par semaine. J’avais, ici et là, quelques jours de congé quand je ne pouvais pas finir ma journée sans m’écrouler par terre.

Malsain, tu dis ? Absolument. Dans ma tête, ça en valait la peine à 100 %. J’ai entendu l’excitation et l’hésitation dans la voix de mes ami.e.s quand je leur ai annoncé que je partais en Asie pendant trois mois.

Une semaine avant mon départ, on s’est rassemblé.e.s pour des au revoir qui annonçaient une séparation d’une durée indéterminée. Ils savaient, autant que moi, à quel point j’en avais besoin.

J’avais hâte. J’étais excitée d’être de sortir de ma zone de confort.

Peur ou excitation ?

Le 11 septembre, au matin, je suis partie de la maison pour me rendre à Montréal afin de prendre mon premier vol. J’ai fait mon sac à dos la veille et, comme si de rien n’était, j’ai franchi la porte de ma maison et je suis partie sans me retourner.

La boule dans l’estomac m’a rattrapée assez vite et 10 minutes plus tard, je pleurais à chaudes larmes.

Je ne sais toujours pas si c’était des larmes de peine ou de joie. Je laissais tout derrière moi. Ma chambre, mon lit, mes habitudes, mon chien, ma famille, mes amies.

Je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait, mais je me doutais que c’était beaucoup plus que l’absence de mon quotidien.

Je déteste les aéroports

J’étais particulièrement stressée parce que j’apportais mon sac à dos avec moi dans l’avion puisqu’il était petit, et que j’avais fait bien attention que tous mes liquides ne dépassent pas 100 ml. Malgré cela, je me promenais dans l’aéroport avec la peur irrationnelle que les gens de la sécurité découvrent une arme illégale dans mon sac.

Mon premier vol était de Montréal à Toronto, où j’allais rejoindre mon amie, avec qui j’avais planifié de faire le voyage. La seule chose que nous avions préparée avant de partir était l’hôtel où nous allions rester, la première nuit, à Bangkok. Mon excitation est montée d’un cran lorsque j’ai vu Alexane avec sa casquette rose. Tout a pris un coup de sérieux : on allait partir pour l’Asie.

Le deuxième vol nous a amenées à Shanghai, en Chine, où nous avons rejoint notre troisième et dernière partenaire de voyage ; Bailey, une amie d’Alexane que je n’avais jamais rencontré. En attendant, un vol de 15 heures nous séparait de Bailey.

La claustrophobie nous a frappées. Pas moyen de se dégourdir les jambes, pas moyen de dormir non plus, assises à côté d’étrangers qui tombent endormis sur ton épaule. Pour ajouter à notre frustration, on a aussi réalisé, un peu trop tard, que pour avoir accès aux plats végétariens, il aurait fallu remplir un formulaire. Alexane a eu droit à du pain comme substitut de ses repas. Au moins, l’alcool était gratuit.

Lorsqu’on a finalement atterri à Shanghai, on s’est promenées dans l’aéroport jusqu’à ce qu’on trouve notre porte d’embarquement pour notre troisième et dernier vol, à destination de Bangkok.  C’était le milieu de la journée au Canada, mais le milieu de la nuit ici ; c’était le lendemain de notre départ, mais ça faisait deux jours qu’on n’avait pas dormi.

Bailey ?

Pendant qu’Alexane faisait une sieste sur le banc, j’ai remarqué une tête rousse qui me semblait familière. Je me suis approchée et, au risque de paraître complètement ridicule, je lui ai demandé si son nom était « Bailey ».

Mon intuition était bonne et elle s’est jointe à nous, en attendant le vol qui nous amènerait, toutes les trois, à Bangkok.

Une fois arrivées à Bangkok, la fatigue a pris le dessus sur notre faim et nous nous sommes dirigées vers l’hôtel ; nous étions dépaysées, épuisées, affamées, mais prêtes à commencer notre aventure.

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