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Le Canada frappé par une hausse des taux d’ITS

4 novembre 2019

Crédit visuel ; Andrey Gosse – directeur artistique 

Par Maeve Burbridge – Cheffe du pupitre Actualités

Les cas d’infections transmises sexuellement (ITS) signalés au Canada ont vus une hausse majeure dans les dernières années, alors qu’elles étaient pratiquement éradiquées à la largeur du pays dans les années 2000. Multiples facteurs sont à l’origine de cette hausse. La Rotonde fait le point sur les causes de cette résurgence. 

À Ottawa, les cas signalés de gonorrhée ont vu une hausse de 177,5% et les cas de syphilis ont vu une augmentation de 269,8%, depuis 2014.

Le VIH a expérimenté une hausse de 90% et la chlamydia a fait 47% plus de victimes en 2018 qu’en 2014.

Hausse marquée

Patrick O’Byrne, professeur en sciences de la santé à l’Université d’Ottawa (U d’O), précise toutefois que ces chiffres reflètent qu’il y a davantage de personnes atteintes d’ITS dans les dernières années.

La hausse serait, selon le professeur, attribuable aux techniques de dépistage plus efficaces qui font en sorte que davantage d’infections sont signalées. Le professeur donne comme exemple des ITS qui affectent la gorge et l’anus. Les techniques de dépistage précédentes n’étaient pas en mesure de capter les infections dans ces régions. Maintenant que c’est possible, le nombre de cas d’ITS signalées sont à la hausse.

Le taux de la syphilis, qui peut sembler extrêmement haut, apparaît ainsi parce que le chiffre initial est très bas. En 2014, il n’y avait que 43 cas de syphilis signalés à Ottawa. En 2018, il y en avait 159.

Il y a cependant eu une réelle hausse au niveaux des taux d’ITS. Depuis le début des années 2000.

Stigma qui perdure

Le stigma associé aux ITS jouerait un rôle dans la prolifération de ceux-ci, d’après O-Byrne. « Les gens ne savent souvent pas comment se faire tester ni où aller pour se faire tester. Ils ont peur d’en parler », explique-t-il.

Thomas, patient de la clinique de santé sexualité Cumberland, indiquait « [se] sentir sale, car les ITS sont très mal vues ». Il avait également l’impression que sa partenaire « n’était pas du genre à avoir un ITS ».

Les campagnes de peur présentées auprès des jeunes dans les écoles secondaires peuvent contribuer au stigma qui fait penser qu’une personne atteinte d’ITS est sale ou qu’elle a des moeurs sexuels très libres. Ce serait un facteur qui contribue à la réticence des gens de se faire dépister régulièrement. Indirectement, ce stigma contribue à la hausse des taux d’ITS au Canada, selon O’Byrne. 

Condoms, incommodes ?

O’Byrne note également qu’il peut exister une hésitation quant à la négociation du port du condom entre partenaires sexuels, ce qui contribue au taux d’ITS susmentionné. Il explique que quand les personnes vivent un moment intime, la pensée logique peut faire défaut.

« Nos actions sont régies par des pulsions et des sentiments », ainsi, même les personnes qui savent que les condoms préviennent les ITS peuvent ne pas penser à en faire l’utilité.

Tasha, patiente de la clinique santé sexualité Cumberland partage qu’il peut être évité de demander le port du condom par peur que la personne refuse. « Ça crée définitivement un malaise », indique-t-elle.

Normaliser le dépistage

Plusieurs ITS telles que la chlamydia, la gonorrhée, la syphilis et le VIH, peuvent être asymptomatiques. Les symptômes d’ITS sont aussi souvent confondues avec d’autres problèmes de santé. Par exemple, les chancres buccales causées par l’herpès sont souvent confondus avec des chancres causés par le stress ou l’ingestion d’aliments acides.

Les personnes atteintes d’ITS peuvent aussi faire preuve de « pensée magique », c’est-à-dire ne jamais s’attendre à ce que l’on soit réellement atteint d’un ITS.

« Pour être honnête, je pensais que ça pouvait arriver aux autres mais je ne m’attendais pas à ce que ça m’arrive », avoue Ibrahim, patient à la clinique santé sexualité Cumberland.

Se faire tester à intervalles régulières, même quand aucun symptôme n’est visible, peut prévenir les ITS et leurs dommages. Le professeur O’Byrne recommande de se faire tester entre périodes de 3 à 6 mois.

Vivre les conséquences

Il est essentiel de normaliser le fait de se faire tester pour les ITS, selon O’Byrne, car les conséquences à long-terme des ITS peuvent s’avérer graves.

Par exemple, quand une personne a la chlamydia ou la gonorrhée sans le savoir et elle ne se fait pas tester, sa santé reproductive peut être à jamais compromise.

La syphilis, quant à elle, peut endommager la vue, causer des dommages au cerveau et provoquer de l’arthrite chez les personnes atteintes si elles ne se font soignées. Le VIH a la possibilité de se transformer en SIDA avec le temps.

Pour les étudiant.e.s de l’U d’O, un service de dépistage gratuit est offert à la clinique de santé universitaire de l’Université.

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