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Le Canada, dommage collatéral d’« America First »

19 novembre 2018

Photo Emilie Azevedo

Par Maeve Burbridge, journaliste 

Comment est-ce que les changements faits au sein du gouvernement américain dans le cadre des élections de mi-mandat du 6 novembre affecteront-ils le Canada ? Le panel « What Do the U.S. Midterm Elections Mean for Canada (and Trump) ? », organisé par le Centre d’études en politique internationale, tente d’y répondre.

Les élections de mi-mandat en bref

C’est au cours des élections de mi-mandat aux États-Unis que les membres du Sénat, de la Chambre des représentants ainsi que certains membres des gouvernements d’états fédérés sont élus tous les quatre ans. Ces élections risquent d’influencer les questions controversées qui mènent le Canada et les États-Unis vers une relation plus antagoniste et tendue que par le passé.

Les panélistes ont d’abord expliqué que les résultats des élections de mi-mandat aux États-Unis tendent à favoriser le parti d’opposition, les cotes d’approbation de l’administration au pouvoir ayant baissé au cours de la première moitié du mandat. Les élections de 2018 s’inscrivent effectivement dans cette tendance. Il y a maintenant davantage de sénateurs, membres de la chambres des représentants et de gouverneurs d’états qui sont démocrates, sous l’administration républicaine du président Donald Trump.

Le libreéchange, enjeu clé

Les États-Unis sont de loin le partenaire commercial le plus important du Canada. Il est donc inquiétant de constater que l’attitude « nationaliste, anti libre-échange » du gouvernement Trump a un impact important sur l’économie canadienne, a fait valoir Sarah Goldfeder, ancienne assistante spéciale de l’ambassadeur américain au Canada.

Le gouvernement américain voudrait imposer des tarifs douaniers aux marchandises canadiennes, notamment pour l’aluminium et l’acier ainsi que pour les produits du marché des automobiles, dans le cadre de l’USMCA, l’accord de libre-échange qui remplacerait l’ALÉNA. Ces tarifs seraient au détriment de l’économie canadienne, en particulier pour l’Ontario et le Québec. Comme l’a fait valoir Meredith Lilly, professeure de politique du commerce à l’Université Carleton, « il se peut que Trump ne veuille pas d’accord de libre-échange du tout, ou s’il en veut, il doit être largement en faveur des États-Unis ».

Le Canada, coincé entre la Chine et les États-Unis

Le président Trump a provoqué une guerre commerciale avec la Chine, et le Canada se retrouve pris au milieu du conflit. Bien que le Canada s’oppose à l’agressivité des politiques internationales américaines, en particulier leur dimension nationaliste et protectionniste, « nous devons garder notre relation économique [avec les États-Unis] productive », a affirmé Michael Kergin, ancien ambassadeur canadien aux États-Unis. « Cela dit, les États-Unis semblent avoir adopté une attitude de « si vous êtes avec la Chine, vous êtes contre les États-Unis » », d’après Kergin. Ceci est problématique puisque le Canada cherche à commercer davantage avec la Chine. Il reste à voir comment le Canada s’y prendra pour diversifier ses partenariats économiques sans mettre en péril ses liens économiques vitaux avec les États-Unis.

En somme, les élections de mi-mandat ont permis aux démocrates d’assumer un rôle plus important au sein de l’administration américaine. La balance penche donc un peu plus qu’avant vers la gauche, mais serait-ce assez pour dissuader les politiques économiques protectionnistes mises à l’avant par les républicains ? Il est présentement impossible de le dire avec certitude, mais les panélistes semblent croire que le Canada va devoir encaisser les coups économiques des États-Unis sans trop se plaindre.

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