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Arts et culture

Café féministe | Discussion autour d’Animale et radicale de Virginie Despentes

cafe– Par Louise Guillot –

L’Institut d’études des femmes de l’Université d’Ottawa proposait vendredi dernier une rencontre entre professeurs et étudiants sur une thématique féministe. Mme Joëlle Papillon, professeure adjointe de littérature québécoise et franco-canadienne à l’Université McMaster, a introduit les participants à une figure du féminisme contemporain : Virginie Despentes. Rassemblés au pavillon Simard, La Rotonde s’est mêlée aux curieux venus participer à ce café féministe.

Introduction percutante pour une écrivaine qui l’est tout autant : l’auteure de Baise-moi (1994), King Kong théorie (2006) ou encore Apocalypse bébé (2010) est une figure de la littérature dite « trash » et du milieu LGBTQ.

Mme Papillon décrypte d’abord King Kong théorie, un roman en partie autobiographique qui expose assez clairement la conception de la féminité de Despentes ainsi que sa vision de la transformation des rapports entre hommes et femmes exprimée au travers de leur sexualité. Elle se représente la féminité comme une hiérarchie de classe : une élite incarnée par le prototype de la femme sexy à forte poitrine telle que présentée dans les magazines et les publicités, et en bas de la classe : la « prolotte », c’est-à-dire celle qui ne correspond pas à ces critères, la moche, la trop grosse, la trop petite, etc. Virginie Despentes s’identifie elle-même à la figure de la « prolotte » et ne s’adresse pas exclusivement à un lectorat féminin. Elle veut aussi toucher les hommes auxquels on ne reconnaît pas de virilité, les pas assez musclés, ceux qui ne cadrent pas avec les codes du « mâle ». Elle dénonce que l’on réprime la virilité chez les femmes alors que la société l’encourage chez les hommes.

Dans son interprétation du film King Kong, Despentes féminise le gorille et ne l’oppose pas à la femme blonde, au contraire, elle les rend complémentaires : le singe représentant la virilité réprimée de la femme. Encore, elle voit la capture de King Kong comme une castration de cette virilité féminine.

Puis, Mme Papillon s’intéresse à Apocalypse bébé, l’histoire d’une jeune fille, Valentine, qui fugue et de Lucie, détective privée pas très douée, qui fait équipe avec la Hyène, « intimidatrice professionnelle » pour la retrouver. Despentes utilise encore une fois une figure animale, celle de la Hyène, pour dépeindre une sexualité ambivalente. En effet, ce personnage est présenté comme une prédatrice, agressive dans son comportement en public. En revanche, elle n’est plus cette représentation de la marginalité lorsqu’elle se retrouve au sein de sa communauté : la communauté lesbienne. Ceci montrant que l’image de vicieuse qui menace par les mots qu’elle se donne, est en réalité une création politique qui lui permet d’agir dans un monde dominé par les hommes.

Virginie Despentes fait aussi dans ce roman une critique des médias et de la réception qu’ils font de ses ouvrages, dénonçant que les journalistes ne retiennent que le fait que ce soit une femme qui puisse écrire ces romans « trash ». L’auteure utilise beaucoup la culture populaire et s’approprie la violence de la société pour la réutiliser dans ses livres à travers son style et son langage si particulier, car elle considère la littérature comme un moyen d’agir sur le monde.

Notez que si ces thèmes vous intéressent, le café féministe revient vendredi le 28 mars à 11 h à la salle 125 du pavillon Simard.

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