
Cabaret brise-jour : L’Orchestre d’hommes-orchestres « fait résonner un art dans un autre »
Par Marie-Pier Pernice
Qu’ont en commun un flacon de parfum antique, une machine à écrire Underwood, une machine à coudre à pédale et un téléphone à cadran? Ces objets se retrouvent tous sur la scène du Cabaret brise-jour de l’Orchestre d’hommes-orchestres (ODHO), parmi une panoplie d’objets curieux. À l’aide de ces derniers, le groupe aux talents multiples propose une formule unique en son genre, soit« la musique qui se voit ».
C’est la musique de Tom Waits qui a poussé, il y a une quinzaine d’années, Bruno Bouchard, Simon Drouin, Jasmin Cloutier et Simon Elmaleh à tenter de démystifier « des bruits qu’ils ne comprenaient pas ». C’est à ce moment que la machine à écrire et le téléphone à cadran entrent dans l’univers du groupe, qui les utilisent afin de « reproduire » les sons entendus à l’aide d’objets rarement utilisés pour leur musicalité. Cette approche crée un « effet drôle et intéressant poétiquement », axé autant sur l’aspect « visuel que musical ».
C’est d’ailleurs suite à une erreur d’horaire lors du 400e anniversaire de la Ville de Québec qu’ils ont joué avec Gabrielle Bouthillier et Danya Ortmann pour la première fois, l’ODHO « s’est réuni » dès lors. Les six membres fondateurs, tous de formations différentes et complémentaires (arts visuels, musique, performance, etc.), ont su développer une « démarche » bien à eux sans jamais avoir de directeur artistique. Ils ont notamment exploré « l’intervention urbaine » en utilisant un camion comme « instrument de musique et scénographie » pour Tintamarre Caravane (2008) et Convoi (2015).
Le mercredi 20 janvier, l’ODHO a présenté son Cabaret brise-jour à la salle Jean Desprèz, à Hull. Ce spectacle, divisé en 18 tableaux, proposait une « revisite » et non une « interprétation » de l’œuvre du compositeur d’origine allemande Kurt Weil. Les six membres de l’ODHO, accompagnés de Lyne Goulet et de Philippe Lessard-Drolet, ont chanté à tour de rôle, voyageant à travers les trois périodes connues de Weil : l’allemande, la française et l’américaine. Ce « cabaret domestique » donne au public l’impression d’entrer dans « un petit salon un peu éclaté » dans lequel tous les objets servent d’instruments de musique. On pleure et on rit devant l’absurdité et la folie de ce cabaret intemporel inusité.