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Budget de l’Ontario : Un pas de l’avant pour la gratuité scolaire, un pas en arrière pour les Franco-Ontariens

Frédérique Mazerolle 

L’annonce du budget provincial du gouvernement libéral de Kathleen Wynne le 25 février dernier aura fait des heureux. En effet, dès la rentrée 2017, les étudiant.e.s ontarien.ne.s dont les parents ont un salaire annuel est de 50 000 $ ou moins pourront se passer du fardeau financier des études postsecondaires grâce à la création de la Subvention ontarienne d’études (SEO). Si l’effervescence était au rendez-vous dans les milieux étudiants à la suite de cette annonce, certains se demandent tout de même si cette subvention viendra résoudre tous les problèmes de l’accessibilité aux études postsecondaires en Ontario.

Charles Sousa, ministre des Finances, en a surpris plusieurs quand, lors du dévoilement du budget le 25 février, il a révélé des mesures pour rendre l’éducation postsecondaire plus accessible, tandis qu’année après année les frais de scolarité continuent d’augmenter dans les universités et collèges de l’Ontario. Anne-Marie Roy, ancienne présidente de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) et présentement vice-présidente de la Fédération Canadienne des étudiantes et étudiants (FCÉE), a par exemple avoué sur Facebook avoir été complètement prise par surprise par l’annonce du ministre.

Selon le ministre, pourtant, la demande pour une meilleure accessibilité aurait été grandement citée lors des consultations antérieures. « On a écouté les étudiants qui nous ont dit qu’ils avaient besoin d’aide », soulève Sousa en expliquant le motif derrière la création de la SOE.

Cette nouvelle subvention, qui entrera en vigueur dès la rentrée scolaire 2017, permettra aux potentiels étudiant.e.s venant de familles dont le revenu est de 50 000 $ ou moins d’avoir un accès gratuit à des études postsecondaires. Auparavant, il existait des bourses comparables, mais celles-ci n’étaient versées aux étudiants venant de milieux pauvres qu’en milieu de session, les obligeant tout de même à débourser de l’argent à chaque début d’année, avant d’être plus tard remboursés.

Qu’en est-il de l’Université d’Ottawa?

Depuis 10 ans maintenant, l’Université d’Ottawa impose chaque année de nouvelles hausses des frais de scolarité à sa population étudiante. Allan Rock, recteur de l’U d’O, a profité de la dernière réunion du Sénat, le 29 février, pour émettre quelques commentaires au sujet de l’annonce du gouvernement ontarien.

Il a félicité le gouvernement pour cette annonce qu’il a jugé astucieuse : « Au lieu de laisser les étudiants payer et de les rembourser plus tard, le gouvernement paie dès le début. Les étudiants se disent ‘free tuition!’, c’est le rêve. » Rock a par la suite précisé que cette annonce ne signifiait en aucun cas que le gouvernement versait plus d’argent que les années précédentes, mais que tout simplement le système de bourse avait changé.

« [Cette décision] va enlever beaucoup de pression au Bureau des gouverneurs pour ne pas approuver la hausse de 3 % des frais de scolarité, ainsi qu’enlever des arguments aux opposants à la hausse », a-t-il par la suite précisé.

Néomie Duval, gestionnaire des relations avec les médias par intérim de l’U d’O, a par ailleurs insisté sur le fait que « les décisions du gouvernement provincial n’auront aucun impact sur l’aide financière offerte à l’étudiant par l’Université d’Ottawa ».

Les francophones oubliés

Entre temps, l’annonce du budget n’aura pas su combler les attentes de tout le monde.

Alors qu’une semaine auparavant, le 18 février, plus de 200 francophones de la province s’étaient rassemblés devant l’Assemblée législative ontarienne pour demander leur université, et que le lundi 22, Kathlyn Wynne présentait ses excuses officielles aux francophones pour le règlement 17, rien n’a été annoncé lors du dévoilement du budget pour les Franco-Ontariens.

Lucas Egan, étudiant en science politique à l’U d’O et défenseur citoyen du projet, a réagi vivement à ce manque d’actions concrètes : « J’en ai marre de me faire crosser quant à l’avenir de mon peuple. Si Mme Wynne, Mme Meilleur, et Mme Lalonde veulent réellement s’excuser pour le Règlement 17, elles s’engageraient à des réponses concrètes à l’assimilation des Franco-Ontariens. »

Quelques jours après l’annonce du budget, une période des questions s’est enflammée entre France Gélinas et Charles Sousa quant à l’état du projet. Madeleine Meilleure, la ministre déléguée aux affaires francophones, s’est alors insérée dans le débat, et a qualifié le projet de loi pour la création d’une université franco-ontarienne de « vide de sens ».

 

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