– Par Paola Boué –
Lundi dernier se produisait l’orchestre symphonique d’Ottawa au Centre national des Arts. Menés par le chef d’orchestre invité, Jean-Philippe Tremblay, les talentueux musiciens ont interprété, dans le cadre du spectacle Britten’s Britain, des œuvres des compositeurs Sir William Walton, Sir Edward Elgar et Benjamin Britten. Ce dernier était d’ailleurs à l’honneur, en raison de la célébration du centenaire de sa naissance.
C’était au son d’une cacophonie générale d’instruments qui s’accordent que les spectateurs entraient dans la salle de spectacle. Mais suite à la montée du chef d’orchestre sur scène, un silence patient s’est instauré, accompagné d’une centaine de paires d’yeux tournées vers les artistes.
La première œuvre était « Varii Capricci » de William Walton, que M. Tremblay qualifie de « compositeur extraordinaire ». Parce qu’elle n’est jouée que très rarement – lundi dernier marquait en fait la première représentation canadienne de la pièce – sa difficulté se trouve dans la découverte de la musique. « Cette pièce était à l’origine pour la guitare, mais Walton l’a transformée dans une sonorité orchestrale hyper virtuose », précise le chef d’orchestre.
Le deuxième morceau était « Sinfonia da Requiem », de Benjamin Britten. « C’est une symphonie vraiment intense, pathétique qui crée une atmosphère très lourde. […] Le défi est de garder cette émotion-là pendant 20 minutes », explique M. Tremblay.
Un court entracte a ensuite laissé place à « Sea Pictures », d’Edward Elgar. « Ce sont cinq magnifiques chansons qui évoquent la vie à la mer, la mort, la tempête, le retour dans la famille. […] La difficulté cette fois est dans l’intégration de la soliste [Julie Nesrallah, mezzo-soprano, ndlr] : en tant que chef d’orchestre, je dois veiller à toujours garder l’orchestre un ton en-dessous, pour ne jamais couvrir sa voix ». Il aurait été dommage en effet de priver l’assistance d’un tel talent, sublimé par l’élégance, la prestance et l’immanquable sourire de la chanteuse.
Le spectacle s’est achevé par « Variations and Fugue on a theme of Purcell », de Britten encore une fois. « Cette pièce est faite de variations : chaque famille d’instruments est mise en valeur ; les instruments sont poussés aux limites de la virtuosité. On a alors des difficultés plus techniques, musicales », commente le chef.
Outre l’aspect auditif, les effets visuels durant la soirée étaient tout aussi remarquables, particulièrement lors des instants où tous les musiciens jouaient à l’unisson, tant par leur musique que par leurs gestes. Les sens aux aguets, les spectateurs étaient assaillis et littéralement touchés par une musique qui prenait aux tripes et provoquaient d’incontrôlables frissons. Selon M. Tremblay, « des centaines de personnes qui jouent ensemble, qui ont la même émotion, c’est vraiment stimulant. »