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Arts et culture

Bleu, comme un ciel étendu de possibilités

Photo Emilie Azevedo 

Par : Emmanuelle Gingras

Le titre de l’organisation se veut flexible, libre d’interprétation, comme sa devise : Blue Ottawa est un concept artistique naissant qui valorise la visibilité de toutes les formes d’art. Quatre jeunes partenaires ont économisé pour ouvrir ce petit local situé au 115 rue Bank et accueillent depuis leur ouverture en février, une série d’artistes de la région qui proposent des projets et concepts chaque semaine.

Kyryl Baranov, Jorge Iznardo, Jordan Clost et Raphael Fitzgerald-Biernath sont les organisateurs officiels de cette compagnie naissante. Amis depuis longtemps, c’est par le skateboard qu’ils se sont réunis. Cet art en soi se reflète un peu dans leur concept, comme le souligne Baranov, l’un des fondateurs : « Ça fait des relations super fortes, ça nous donne beaucoup de courage dans la vie. Tu confrontes les gens, tu confrontes ton espace; tu te fais mal, tu te relèves. Tu n’y penses pas trop, tu y vas ! ».

C’est d’ailleurs sur un coup de tête que les propriétaires et initiés au monde du business ont décidé d’ouvrir Blue Ottawa. Au-delà de la signification de la libre interprétation que le mot Blue a dans le titre, Baranov met l’accent sur l’importance du Ottawa. En effet, celui-ci souhaite réunir les jeunes communautés artistiques de la région et créer des milieux pour valoriser l’art à Ottawa et lui donner de la visibilité. « Les gens ont souvent tendance à quitter Ottawa pour faire de l’art » : voilà l’un des dilemmes que le groupe essaie de contrer.

Créer librement

« C’est ce que tu veux en faire », voilà comment le jeune entrepreneur définit cette compagnie naissante. Il s’agit avant tout de réunir les différents mondes artistiques, et les jeunes entrepreneurs souhaitent que « [les] gens aillent un espace qui n’est pas supervisé, mais plus personnel pour se rencontrer, échanger des idées et trouver une audience pour leur travail ». Briser les barrières de l’artiste et de l’audience et établir des relations fortes entre les participants, telles sont leurs devises. Blue Ottawa prend une forme de lieu de rencontre pour créer des liens permanents et attentifs plutôt qu’éphémères et superficiels.

C’est le 8 mars qu’ils accueillaient son premier événement artistique officiel. Le concept était simple : ceux qui le voulaient pouvaient apporter une œuvre quelconque qu’ils devaient eux-mêmes accrocher aux murs des lieux. À la grande surprise des organisateurs, plus d’une trentaine de participants ont présenté leurs œuvres. Certaines étaient à vendre, d’autres non, certaines furent données. La majorité des gens venait de la communauté visée, soit les jeunes.

Le second était le 15 mars dernier : il s’agissait d’un vernissage solo du photographe Diego Alvarado du nom de City Impressions. « Il est toujours dans la rue, fait toujours des photos », affirme Baranov. Dans une description de l’exposition, celui-ci décrit son travail comme une « collection de travail [qui] capture les gens, meubles et saisons en mouvement d’après sa perception personnelle ».                                                      

Le groupe a majoritairement été approché par des musiciens et des artistes visuels. Toutefois, ceux-ci sont ouverts à différents médiums et souhaitent entre autres peut-être s’ouvrir à la possibilité de faire des Open Mics.

Une initiation au monde du travail

En 15 jours, les 4 propriétaires ont repeint le lieu en entier qui n’était pas habité depuis longtemps. Il s’agit d’un petit local aux murs de briques, deux étages ouverts avec des salles de bain non-binaires. Tous les éléments de construction ont dû être entrepris selon le strict minimum monétaire : « J’ai emprunté tous les outils de l’atelier de sculpture de l’Université d’Ottawa », ricane Baranov.

Les organisateurs sont tous dans la vingtaine. Ils n’ont d’ailleurs jamais été propriétaires d’une compagnie, et c’est donc sans expérience ni études en lien avec la gestion d’entreprise qu’ils ont ouvert Blue Ottawa. Ils apprennent donc sur le moment comment gérer les lieux, l’argent et la promotion.

Les propriétaires se répartissent les tâches de façon équitable et ne sont pas sur les lieux pour faire du profit — et n’en font d’ailleurs aucun. Leur devise est avant tout de valoriser les artistes et exposer leur art : « C’est rendu très difficile aujourd’hui d’être accepté dans des galeries », souligne Baranov. Blue Ottawa peut donc servir de ressort pour tout artiste souhaitant se créer un milieu, faire connaître son travail ou simplement expérimenter sur des concepts.

La petite compagnie a souhaité ramasser des fonds sur la plateforme GoFundme, mais il était difficile pour elle d’obtenir ce qu’elle souhaitait. Le financement du local se fait donc avec l’aide d’un petit profit sur les œuvres vendues en plus de la location des lieux pour des événements extérieurs.

Les heures d’ouverture changent de semaine en semaine. Le local est généralement plus souvent ouvert en fin de semaine.

Le groupe d’amis a conscience de l’audace du projet, mais reste tout de même optimiste : « On va essayer de garder [Blue Ottawa] le plus longtemps possible, même si c’est quand même un concept risqué ».

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