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Black Lives Matter : Des murales vandalisées dont le message résonne encore

5 octobre 2015

Alors que les cas de violences raciales se multiplient en Amérique du Nord, le message du mouvement contre-culturel Black Lives Matter résonne plus fort que jamais. À Ottawa, les activistes se battent pour que leurs voix soient entendues.

Par Frédérique Mazerolle

Jeudi 24 septembre, le quartier Centretown d’Ottawa s’est éveillé pour découvrir en son sein une murale défigurée par des graffitis de racisme et de haine. Retour sur la saga des réalisations noires militantes ottaviennes dernièrement vandalisées.

C’est n’est pas la première fois que les œuvres de l’artiste Kalkidan Assefa sont saccagées. Une première murale, peinte en souvenir de Sandra Bland, une femme noire morte dans une cellule de prison au Texas, a été vandalisée en juillet dernier. Celle-ci avait été réalisée avec le groupe ottavien BlakCollectiv sur le « tech wall », un espace de graffiti légal au coin des rues Slater et Bay.

Cet été, lors de Fierté dans la Capitale, une journée dédiée à la célébration et l’acceptation des groupes LBGTQ, Assefa avait été invitée à créer une autre murale, en hommage aux femmes transgenres de couleur assassinées. L’œuvre a été largement acclamée par la majorité de la communauté ottavienne. Une minorité, cependant, s’y est opposée. Le matin du 24 septembre, la murale a été retrouvée recouverte de peinture blanche, et on pouvait y lire des messages peints en rouge, comme « All Lives Matter [Toutes les vies comptent] », « Racist bullshit [Conneries racistes] » et « You’ve been warned [On vous a averti] ».

 

Pourquoi « All Lives Matter » est-il un mouvement raciste?

 « Si évidemment, TOUTES les vies comptent, celles-ci ne sont pas toutes égales face à un système judiciaire corrompu et une force policière brutale. Pas tout le monde n’a peur qu’un policier lui demande de se tasser sur le bord du chemin lorsqu’il conduit, peur de se faire arrêter de façon aléatoire, ou encore peur lorsque qu’il porte la mauvaise tenue, dans le mauvais quartier, au mauvais moment. Je trouve dégoûtant que la rhétorique du contre-mouvement All Lives Matter réponde à notre mouvement, en tentant encore une fois d’effacer et de nier les expériences de vie des personnes de couleur. » – Vanessa Dorimain

« Je pense qu’il y a un certain élément raciste au sein de la ville d’Ottawa et que certaines personnes n’aiment pas la forme d’expression que nous utilisons », a commenté l’artiste, lors d’un entretien avec Radio-Canada vendredi dernier.

Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires de la FÉUO, et membre du Blak Collectiv de l’U d’O, juge que le racisme à Ottawa est « présent de façon subtile ». Elle n’était pas surprise quand elle a appris l’acte de vandalisme.

« C’est la troisième fois qu’une chose du genre se produit », explique-t-elle. « Si les personnes noires ne sont pas respectées, je doute que leur art le sera. »

En signe de résilience, la murale a été recouverte de nouveau et on peut maintenant y lire la phrase « Si toutes les vies importent, alors pourquoi les histoires de femmes transsexuelles de couleur sont-elles continuellement effacées? ».

Une chose est sûre : les crimes de haine raciale n’arrêteront pas l’art militant de Khalkidan Assefa, et la devise Black Lives Matter continuera d’être sur les lèvres de bien des gens. Reste à savoir si ceux qui ont perpétré les crimes seront identifiés.

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