– Par Sara Meriam Ghalia et Sinda Garziz –
Le bilinguisme est toujours sujet à débat au sein de l’Université d’Ottawa (U d’O), la plus grande université bilingue française et anglaise au monde. Un peu moins du tiers des étudiants ont le français comme langue maternelle et il est parfois difficile de leur assurer un bon service dans leur langue, résultant en une désillusion de plus en plus fréquente chez les étudiants francophones.
Une initiative pour évaluer le bilinguisme à l’U d’O
Depuis quelques années maintenant, la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) essaye de pousser l’administration à mettre en application de nouvelles alternatives pour améliorer le service offert aux étudiants francophones et bilingues, dans le but de renforcer le bilinguisme. Cependant, selon la vice-présidente à l’équité Nicole Desnoyers, « il n’y a pas eu un grand écho à nos demandes, nous continuons de recevoir des plaintes de la part des étudiants relatives au fait que quelques professeurs leur donnent des recueils de texte ou des articles à lire en anglais pour un cours en français ».
C’est pour cette raison que la FÉUO a proposé d’effectuer un sondage de bilinguisme qui permettra de mieux évaluer les difficultés, les demandes et les attentes des étudiants et de vérifier la qualité du bilinguisme à l’Université d’Ottawa, autant en ce qui concerne les cours offerts et la manière dont ils sont présentés que les évènements organisés par la FÉUO qui se déroulent sur le campus.
Le questionnaire est actuellement disponible sur le site du Centre du bilinguisme de l’U d’O, et il sera aussi envoyé par courriel à tous les étudiants de premier cycle. De plus, pour une meilleure promotion et pour permettre une meilleure sensibilisation à l’importance de cette question, il sera distribué en version papier dans certains cours.
Le sondage comporte trois grandes parties, la première étant consacrée à l’évaluation du bilinguisme, avec une possibilité d’émettre des suggestions pour pallier aux lacunes auxquelles les étudiants font face. La seconde partie sera consacrée à l’évaluation des services présentés par la FÉUO dans le but de les améliorer, et la troisième partie sera réservée aux suggestions que les étudiants proposeront en ce qui concerne les événements bilingues. « Ça serait intéressant de savoir comment les étudiants conçoivent les événements bilingues, car nous comprenons parfaitement la frustration qu’ils peuvent ressentir en assistant à des événements avec une traduction simultanée», déclare la vice-présidente à l’équité, Nicole Desnoyers.
Une petite enquête sur le bilinguisme au campus
L’étude pour la vérification du bilinguisme, menée par la FÉUO, permettra de cibler quelques-uns des problèmes. Un petit sondage anonyme a été mené par La Rotonde, et douze étudiants ont été questionnés sur le bilinguisme. Sur les douze étudiants, cinq se considéraient francophones, six se considéraient bilingues et un était anglophone. La grande majorité (onze) prenaient des cours en français en suivant un programme soit entièrement en français (cinq) soit dans les deux langues (six). Plusieurs avaient choisi l’Université d’Ottawa afin de pratiquer les deux langues officielles, tout en étudiant dans la langue qui leur était la plus familière : le français. Un étudiant en particulier a ajouté qu’être bilingue lui permettait de « choisir les meilleurs professeurs ».
Quant à la question de la satisfaction envers le bilinguisme sur le campus, un étudiant était très satisfait, six étaient satisfaits et cinq ne l’étaient que moyennement. Si la majorité a répondu n’avoir eu aucun problème à se faire servir en français sur le campus, cinq étudiants ont tenu à parler de quelques soucis auxquels ils ont dû faire face. L’un d’entre eux a notamment insisté sur le service de santé, car il lui a été « difficile d’avoir un médecin francophone. » Deux étudiants se sont plaints de la difficulté de se faire servir en français dans les différents commerces sur le campus. Un étudiant a aussi jugé qu’il n’y avait pas assez de livres et de revues scientifiques en français pour les étudiants qui seraient unilingues francophones. Un autre point soulevé était que des conférences « sensées être bilingues » ne l’étaient pas et que la traduction était « souvent mauvaise ».
La plupart des étudiants avaient aussi des suggestions pour améliorer le bilinguisme sur le campus de l’Université. Parmi ces suggestions, on trouvait : « plus d’événements en français », « autant d’outils littéraires et scientifiques disponibles en anglais qu’en français », une traduction instantanée professionnelle durant les événements et les conférences bilingues, etc. Un étudiant en particulier a ajouté qu’il n’y avait pas un haut niveau de bilinguisme dans le Département de musique et que cela devenait difficile pour plusieurs étudiants. Il considérait que cela était relié à un manque général de financement.