
Bilinguisme à l’Université d’Ottawa : « Un autre affront au français commis par l’Université d’Ottawa »
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Par Mathieu Tovar-Poitras
Le 8 janvier dernier, Le Centre des droits étudiants (CDÉ) de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) faisait parvenir un communiqué à plusieurs médias régionaux, incluant La Rotonde. Ce communiqué, titré « Un autre affront au français commis par l’Université d’Ottawa », dénonçait l’état du bilinguisme au sein de la direction de la Faculté des sciences de la santé et a eu le mérite de susciter bien des réactions.
Dans son communiqué, le CDÉ a dénoncé l’embauche de « professeurs unilingues anglophones en tant que vice-doyens et directeurs au sein de la Faculté », citant les cas de Wendy Sword, directrice et doyenne associée de l’École des sciences infirmières, et de Jeffrey Jutai, directeur et doyen associé par intérim de l’École interdisciplinaire des sciences de la santé.
Dans son communiqué, le CDÉ soutient que les deux professeurs cités « n’arrivent même pas à communiquer avec les étudiants en français pendant des rencontres » et ajoute qu’« il est arrivé à plusieurs reprises que le personnel du Centre des droits étudiants ait dû agir en tant qu’interprète lors de telles rencontres. »
Julien de Bellefeuille, représentant des droits étudiants au CDÉ, a réitéré ce constat lors d’une entrevue avec La Rotonde en ajoutant que le personnel de l’Université d’Ottawa (U d’O) devrait être en mesure de communiquer avec les étudiant.e.s dans la langue de leur choix. « C’est une question de gros bon sens », a-t-il déclaré.
Il a par ailleurs précisé que « les étudiants n’ont pas voulu porter plainte sur la question de la langue », mais que la récurrence des cas a poussé le Centre à publier un communiqué.
Le niveau de bilinguisme requis, un mystère
L’administration a pour sa part tenu à rappeler les mesures en place concernant le bilinguisme. « Tout étudiant peut communiquer dans les deux langues avec […] l’administration interne des facultés et des écoles », soutient Isabelle M.-Pulkinghorn, gestionnaire des relations avec les médias de l’U d’O.
Dans un courriel envoyé à La Rotonde, Pulkinghorn ajoute que, selon le Règlement sur le bilinguisme, « les membres du personnel enseignant […] doivent avoir atteint ou doivent atteindre un niveau de bilinguisme requis ».
Pour Bellefeuille, des questions se posent sur les critères entourant le niveau requis et sur le délai accordé pour l’atteindre. « Les deux professeurs mentionnés sont en poste depuis environ deux ans », a-t-il rappelé.
L’administration n’a toutefois pas souhaité commenter la question du délai et des critères mentionnés dans le contrat. Contactés par La Rotonde, les deux professeurs cités par le CDÉ ont quant à eux répondu en faisant référence à la réponse initiale de l’administration.
L’Université dans l’embarras
La Rotonde a obtenu une copie d’une lettre datée du 7 janvier à l’intention de Julien de Bellefeuille signée par le vice-recteur aux études, Michel Laurier. Dans celle-ci, le vice-recteur déclare être déçu « de voir la FÉUO tenter de régler [le problème] par l’entremise des médias lors que des mécanismes internes sont déjà en place ».
Si Laurier soutient que l’approche du CDÉ a nui à la collaboration entre les deux entités, Bellefeuille soutient pour sa part que la stratégie adoptée a permis de « faire pression sur l’Université dès le départ ». Il est d’ailleurs à noter que la lettre signée par Laurier commence comme suit : « Le service des communications de l’Université d’Ottawa a dû répondre hier à des demandes venant de Radio-Canada et du journal Le Droit […] ».
Plus loin dans la lettre, le vice-recteur aux études rappelle également l’existence de la Commission permanente des affaires francophones et des langues officielles, notamment responsable du traitement des plaintes liées aux services en français. Laurier dit par ailleurs noter « l’insatisfaction des étudiants » et promet qu’un suivi sera fait par la Commission, dont il est coprésident.
Si une chose est sure, c’est que plusieurs groupes étudiants suivront également l’affaire. En effet, Benjamin Doudard, représentant de l’U d’O au Regroupement étudiant franco-ontarien, a annoncé à La Rotonde son intention d’organiser une consultation avec les étudiant.e.s dans le but de connaitre leurs plaintes et critiques quant à l’état du français à l’U d’O.