« La LIEU c’est comme des vieilles chaussettes, tu sais qu’elles vont être là tous les jeudis pour te divertir! »
La fin de l’année approchant, le jeudi 3 avril dernier se tenait la finale du théâtre d’improvisation organisée par la Ligue d’improvisation étudiante universitaire (LIEU) à l’Université d’Ottawa (U d’O) et proclamait vainqueur l’équipe des Bleus. La Rotonde a tiré un bilan de cette année avec la présidente Sarah Pouliot St-Pierre, ainsi qu’avec Florentin Pineaud, étudiant en échange et membre de la LIEU.
La Rotonde : Êtes-vous satisfaite de ce qu’a fait la LIEU cette année?
Sarah Pouliot St-Pierre (SPSP) : Oui, on est très satisfaits! On a eu beaucoup de jeunes cette année. On espérait qu’ils allaient donner un renouveau à la LIEU, organisation qui existe depuis 1985, et c’est ce qui s’est produit. Ils sont même allés au-delà de nos attentes. C’est une superbe année. Les gens ont été très créatifs, très engagés.
LR : Les évènements que vous avez organisés ont-ils rencontré du succès?
SPSP : Cette année, en plus des rendez-vous tous les jeudis, nous avons été très liés avec les clubs et le Service de vie communautaire, qui nous a demandé d’animer la foule au lancement de leur programme en septembre pour attirer les gens et leur donner un peu de visibilité. On a aussi participé à la semaine de la Francophonie et gagné le Prix de la Francophonie, ce qui est un grand honneur! On est très contents d’être une organisation uniquement francophone dans un contexte où la francophonie est minoritaire à l’Université, et de montrer qu’elle continue à être créative et à exister dans un campus majoritairement anglophone.
LR : Quelles difficultés avez-vous rencontrées?
SPSP : Honnêtement, ça a super bien été! On avait un exécutif très solide et aucun déficit. BleuUn point à souligner, qui n’est même pas un point négatif ou à améliorer, c’est le renouveau qu’a connu la LIEU cette année. Alors bien sûr, il faut intégrer ces nouvelles personnes, et c’est pour cela qu’on a organisé des activités de fraternité. En plus, ça aide à créer un esprit d’équipe et ça rend l’impro plus intéressante car il y a une complicité entre les joueurs.
LR : Quels sont les projets de la LIEU pour l’an prochain?
SPSP : On veut continuer à promouvoir la francophonie sur le campus et s’impliquer davantage dans la communauté. On aimerait participer à des projets auxquels on n’a pas pu répondre cette année, par manque de temps essentiellement, comme des projets d’atelier d’impro en milieu scolaire, par exemple.
La Rotonde: Pourquoi avez-vous choisi de rejoindre la LIEU?
Florentin Pineaud : À l’origine, je voulais faire du théâtre à l’U d’O, mais ça prenait trop de temps d’apprendre le texte, de participer à toutes les séances, d’être régulier et je n’ai pas non plus eu connaissance de l’existence d’une troupe de théâtre sur le campus. En revanche, j’ai su qu’il y avait une ligue d’improvisation et j’en avais faite auparavant en France au lycée et ça m’avait bien plus. Je savais que les Canadiens étaient forts en improvisation, donc je voulais savoir ce que ça donnait!
LR : A-t-il été difficile de rentrer dans la LIEU?
FP : Il y a des épreuves, comme des étapes de passage, où il faut montrer de quoi tu es capable. Donc il y a une sélection. Il faut être drôle, il faut savoir construire des histoires, il y a plein de paramètres qui rentrent en jeu.
LR : Qu’aimez-vous particulièrement dans le théâtre d’improvisation?
FP : Ce qui est bien avec l’improvisation, c’est qu’on se retrouve dans le vide. On part d’un sujet, d’un thème et à partir de ça, il faut tout construire. On invente les dialogues, et il y a aussi un jeu avec celui qui est sur scène avec nous, on doit le comprendre, comprendre ce qu’il veut dire, où il veut en venir pour que l’impro tienne la route. Alors qu’au théâtre classique, on a un texte de base qui nous rassure, c’est plus sécurisant. En improvisation, on est seul dans l’arène avec nos idées. Et c’est aussi un jeu de caractère car il faut parfois imposer ses idées et d’autres fois savoir suivre celles des autres. Et puis, on est quand même assez fier de soi quand on arrive à faire rire les autres!
LR : Étant étudiant en échange de la France, était-il difficile de jouer avec des Canadiens?
FP : Au début, il y avait beaucoup de mots que je ne comprenais pas, même encore aujourd’hui! Il y a eu des moments où ce n’était pas facile car je ne savais pas où mes coéquipiers voulaient en venir avec des expressions ou des références qu’on n’a pas en France ou qui ont un sens différent. Ou alors, parfois j’essayais de faire des jeux de mots, mais ça n’a pas toujours abouti car avec le public canadien, la réception n’est pas la même. Finalement, je peux dire que l’improvisation, il ne faut pas la jouer, mais la sentir, donc c’est plus dur que le théâtre classique. Mais c’est très enrichissant, une très bonne expérience.