Inscrire un terme

Retour
Actualités

Bilan du budget de l’U d’O 2014-15 Des consultations jugées illusoires

8 septembre 2014

Budget

Par -Alex Jürgen Thumm et Soraya Benchekroun-

Illustration: Andrey Goose

Une hausse de 3 % des frais de scolarité pour le premier cycle et  de 5 % pour les cycles supérieurs, c’est ce qu’a adopté l’Université d’Ottawa (U d’O) en mai dernier dans son budget pour 2014-2015. Selon l’U d’O, ce dernier serait considérablement inspiré d’une consultation de la communauté universitaire. Or, la majorité de ses membres étaient absents.

Budgéter sans les étudiants

Pour la deuxième fois, l’Université a tenu des consultations budgétaires précédant la préparation du budget. Cette année, la Fédération Étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO), l’Association des étudiant.e.s diplômé.e.s (GSAÉD) et le Syndicat des étudiant.e.s employé.e.s de l’Université d’Ottawa (SCFP 2626) ont boycotté ce processus. Ayant tous les trois participé l’année dernière, ils jugent que leur opinion n’était aucunement prise en compte, vu qu’aucune des propositions des consultations n’ont été retenues dans le budget. La représentation étudiante dans le processus budgétaire était donc minimale : seulement trois membres du BDG sur 31 sont étudiants.

Le refus du Bureau du gouverneur (BDG) d’inviter les représentants étudiants à participer a fait en sorte que seulement huit personnes, dont un doyen, des membres du personnel de soutien et deux professeurs, ont participé à l’adoption du budget. Imed Chkir, professeur de gestion, s’est dit content de sa participation et satisfait du processus consultatif, soulignant que plusieurs des recommendations de cette année ont été adoptées dans le budget. Toutefois déçu de l’absence des syndicats étudiants, il rappelle que « le Comité n’est que consultatif » et qu’il ne faut pas s’attendre à ce que le BDG suive toutes les recommendations.»

Contrepropositions en développement

Alors que l’administration affirme que sa situation fiscale nécessite une hausse des droits de scolarité, le SCFP 2626 a déclaré à La Rotonde en mars dernier son intention de proposer un budget alternatif pour l’année 2015-2016.

Déjà cette année, un regroupement de syndicats professionnels, académiques et étudiants ont publié sept demandes pour le budget actuel sur une page web. Celles-ci comprennent « une réduction immédiate de 30 % des frais de scolarité », des améliorations en ressources humaines et une « fin à la commercialisation de la recherche ».

Moins d’étudiants, plus de dépenses

Non seulement le déficit est-il issu d’une baisse de subventions gouvernementales de 40,1 millions de dollars, la première fois que les revenus de subventions seront sous la barre des 50 % , mais c’est une augmentation réduite du nombre d’étudiants qui endommage les caisses.

Selon les objectifs de Destination 2020, le plan stratégique de l’Université, la proportion des revenus provenant de l’étranger ne cessera d’augmenter. Vu que le plan projette un minimum de 40 % d’étudiants francophones, cette croissance vise particulièrement les étudiants internationaux francophones. L’Université leur propose les mêmes frais de scolarité que paient les étudiants canadiens.

Le budget souligne l’« opportunité » qu’a l’Université d’établir dans le futur proche un campus satellite francophone à Woodstock, dans le sud-ouest de l’Ontario. Comme l’a expliqué Caroline Milliard, gestionnaire des relations avec les médias à l’U d’O, ce projet d’expension n’aurait aucune conséquence sur le campus ottavien. « La ville de Woodstock s’engage à fournir les infrastructures nécessaires à l’établissement du campus satellite dans l’éventualité où le projet est retenu. […] D’ailleurs, une des conditions de cette initiative est que ce projet s’autofinance, afin de ne pas accentuer la pression financière de l’Université », indique cette dernière.

Déficit structurel de 41 millions

Suite à l’adoption du nouveau budget, le BDG a largement  augmenté le pouvoir d’achat de l’Université, sans toutefois avoir pu trouver suffisamment de revenus. Ce sont plus de 1,04 milliards de dollars qui seront dépensés lors de l’année fiscale de 2014-2015, soit en moyenne environ 48 millions de plus que l’année précédente.

Ainsi, un déficit structurel de 41 millions s’impose comme obstacle au bien-être financier de l’institution universitaire. Annuellement, les dépenses augmentent de 4 à 5 %, mais les revenus de seulement 1,5 %. Mme Milliard prévoit le besoin de faire beaucoup plus pour redresser les finances, mais elle rassure qu’il n’y a aucun danger immédiat. « Le budget 2014-15 est donc bel et bien équilibré, car l’Université n’entrera pas en déficit cette année grâce à, entre autres, cette mesure ponctuelle », explique-t-elle à propos de l’usage de surplus d’années précédentes.

En réponse au déficit, l’U d’O recueillera davantage de revenus chez les étudiants. Parallèlement, le budget prévoit une hausse de 6,8 % du financement de l’aide financière, soit en moyenne environ 110 $ de plus par étudiant.

Le budget a incité la FÉUO ainsi que bien des étudiants à faire montre de leur mécontentement. Soixante-quinze étudiants ont manifesté sur le campus à la suite de l’adoption de ce nouveau budget, militant contre la hausse des frais de scolarité. Rassemblés par la FÉUO, les manifestants s’indignaient que les universités ontariennes exigent déjà plus de frais de scolarité que dans les autres provinces, malgré le rabais de 30 % offert par le Gouvernement de l’Ontario.

Ni le meilleur des budgets, ni le pire

Le budget actuel de l’Université Carleton, par contre, ne prévoit aucun déficit. Pourtant, environ 54 % de ses revenus proviennent directement des poches des étudiants, alors qu’à l’U d’O, ce ne sont qu’environ 35 %. Les Universités Queen’s et McMaster se trouvent entre ces deux extrêmes.

Quant à l’aide financière, Mme Milliard a déclaré que celle de l’U d’O est l’une des plusgénéreuses de la province. En effet, elle dépasse celle de l’Université de Toronto, mais est rivalisée par l’Université Waterloo.

Une hausse de 3 % des frais de scolarité a été approuvée à travers la province cette année. Malgré tout, la représentante de l’Université a affirmé  que les priorités de l’Université sont d’« améliorer l’expérience de ses étudiants et de maintenir sa position de chef de file en recherche ». Modérer les frais de scolarité n’en fait pas partie.

 

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire