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Arts et culture

Des beats pour ressusciter Beethoven

17 septembre 2018

Par: Gabrielle Lemire, Cheffe Arts et culture

Ludwig van Beethoven est un grand compositeur qui a marqué le monde des arts de sa musique innovatrice et de ses valeurs humanistes. Le Centre national des arts (CNA) se penche sur son legs dans le cadre du festival FOCUS, qui présente uniquement du Beethoven durant 10 jours.

Jusqu’au 22 septembre prochain, le festival FOCUS présentera, entre autres, les fameuses 9 symphonies du grand maître. Mais son héritage culturel ne se résume pas à cela. Beethoven aurait façonné la scène musicale du XIXe siècle avec ses compositions avant-gardistes qui ne cadraient pas avec les critères de l’époque. L’art d’aujourd’hui s’inspire toujours du compositeur, et c’est ce que le CNA a tenté de faire jeudi soir avec un 5 à 7 Bières, basse et Beethoven, où un DJ intégrait l’oeuvre du compositeur dans ses mix.

Ouverture du festival

Le festival FOCUS présente l’oeuvre de Beethoven dans son intégralité pendant 10 jours, mais c’est son ouverture qui a attiré l’attention d’environ 150 personnes jeudi dernier. Des employés du CNA, des membres du public ou simplement des passants curieux se sont regroupés pour entendre les remix. Anna Jonas, qui dit jouer de plusieurs instruments dans son temps libre, nous partage que l’idée de moderniser les classiques de Beethoven est ce qui l’a attirée à l’événement. Une troupe de danse a même créé un flash mob impromptu au beau milieu de la soirée, suscitant des exclamations sur la terrasse. « Certaines personnes n’aiment pas la musique classique, ou n’en connaissent pas beaucoup à ce sujet. Combiner la musique classique et le côté plus moderne du DJ, ça permet de ne pas être obligé de s’y connaître sur Beethoven pour apprécier l’événement », constate Jonas.

Pour les convives qui n’avaient que peu de connaissances sur le répertoire de Beethoven, il était difficile de déceler les extraits de sa musique dans les remix du DJ Matt Tamblyn, présent pour le 5 à 7. Celui-ci explique que les compositions de Beethoven sont rarement calmes et qu’il a eu de la difficulté à intégrer ses rythmes sur de la musique plus moderne. L’ambiance musicale était bien taillée pour l’événement, sans pour autant réussir à rendre justice ni à intégrer la fibre dramatique de l’oeuvre du compositeur. Certains connaisseurs ont été déçus de cet aspect de l’événement, mais pourront satisfaire leurs attentes lors des marathons de piano consacrés uniquement à Beethoven aux concerts gratuits donnés durant l’heure du dîner lors du festival. Alexander Shelley, le directeur musical de l’orchestre du CNA (OCNA) offrira également des conférences Parlons musique à 19h chaque soir de concert cette semaine. Celui-ci se spécialise dans l’époque de Beethoven, au tout début du romantisme allemand. Les conférences permettront au public d’en savoir plus sur ce grand compositeur qui avait sa vision du monde bien à lui.

Un grand philosophe

Beethoven n’était pas uniquement un compositeur. Libre-penseur, celui-ci a apporté un courant de fraîcheur à la scène artistique de la fin du XVIIIe siècle. À l’époque, les musiciens étaient vus comme simples interprètes et non comme agents de changement. En effet, son père n’autorisait même pas Beethoven à composer ses propres morceaux : celui-ci devait à tout prix interpréter du Bach. Inspiré par la Révolution française et les changements politiques et idéologiques que cette révolution inspirait, Beethoven a « changé la façon dont les gens écoutaient de la musique à l’époque », explique Marc Stevens, directeur administratif de l’OCNA. « Ce qu’il a fait à son époque affecte toujours la façon dont nous écoutons de la musique aujourd’hui. Il a fait germer l’idée qu’un musicien pouvait ouvrir sa propre voie, créer un art qui lui est propre pour changer le monde et se prononcer au sujet de l’humanité. Cela découle vraiment de Beethoven », ajoute Stevens.

Louis-Pierre Bergeron, quatrième corde depuis plus d’un an à l’OCNA, se dit être inspiré par le compositeur. « C’est un des plus grands êtres humains à avoir vécu sur Terre. C’est le plus grand génie musical, le plus grand humaniste, celui qui est allé creuser le plus loin dans les sentiments humains », affirme le musicien.

Une oeuvre complexe

Au niveau plus technique, les symphonies de Beethoven permettent à un orchestre d’évaluer où il en est rendu dans son développement. L’oeuvre de Beethoven est, selon Bergeron, toujours à renouveler, à creuser, à la recherche des nuances qui ramènent les intentions qu’avaient le compositeur à l’époque. « Les neuf symphonies, c’est vraiment notre Bible en tant qu’orchestre », affirme-t-il, en ajoutant que la complexité des notes et le tempo qu’impose Alexander Shelley, le directeur musical, représentent un vrai défi. « Les neuf symphonies sont très exigeantes, je parle de millions de notes à apprendre », ajoute le musicien.

Avoir un orchestre de renom en plus du réaménagement de la salle de concert Southam du CNA, qui avait la réputation d’avoir une acoustique terrible, permet cette année de rendre justice à Beethoven lors du festival FOCUS.

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