Autochtonie contemporaine : La situation des femmes autochtones discutée
– Par Alex Jürgen Thumm –
Quatre femmes de quatre différentes Premières Nations ont pris la parole au colloque « Corps suspects, corps déviants », le 16 mars dernier au pavillon de la Faculté des sciences sociales.
Les conférences ont discuté les liens entre la colonisation et la répression auxquelles font face les femmes autochtones d’aujourd’hui. Claudette Commanda, Algonquine Anishinabe, membre du conseil des gouverneurs de l’Université des Premières Nations du Canada et professeure en droit à l’Université d’Ottawa, a animé la conférence en rappelant systématiquement l’importance du territoire pour les Premières Nations. « Nous sommes en relation profonde avec le territoire », a-t-elle partagé.
La première conférencière était la Dr Kahente Horn-Miller qui a présenté « le sentier brisé » de la colonisation. Elle a tracé les racines de la crise de femmes autochtones disparues aux « mythes et à la construction sociale de la femme indigène » et de sa représentation dans l’imaginaire actuel. Teressa Edwards, avocate de l’Association des femmes autochtones du Canada, s’est mise à contester les fausses perceptions autour de la disparition des femmes indigènes. Sous le constat que celles-ci sont « over-policed and under protected », elle a soutenu que les ressources pour attaquer cette problématique sont manquantes. À l’encontre du mythe répandu que les femmes disparues « ne sont que des prostituées qui ont choisi ce mode de vie », Mme Edwards a rapporté que 13 % sont des mineures qui ont été droguées et forcées à se prostituer entre les âges de 7 et 10 ans. Enfin, Denise Jourdain, femme innue de Uashat, réserve dans le comté québécois des Sept-Rivières et enseignante de la langue innue, a parlé de son militantisme pour la protection de l’environnement dans sa région. « Cette lutte ne se fait pas avec un stylo, devant une feuille blanche, mais sur le territoire » a témoigné Mme Jourdain.
Organisé par la Chaire conjointe en études des femmes de l’Université d’Ottawa et de l’Université Carleton, ce panel fait partie d’une programmation qui a réuni plus d’une vingtaine de conférencières, pour discuter la situation des femmes autochtones.