Sciences et technologie
Par Ma’moun Alshtaiwi
L’homme a toujours observé les astres, leurs mouvements et leur transformation dans la succession des jours et des nuits, des saisons et des années. Pendant des millénaires, le ciel a été la source d’un grand nombre de symboles qui se sont concrétisés à travers les mythologies de nombreuses civilisations. Ces symboles ont joué un rôle important dans la vie sociale, le développement économique, les styles architecturaux, l’organisation religieuse et l’évolution de chaque culture.
L’astronomie est considérée, à l’époque hellénique, comme une branche de la science du temps (chronologie), autrement dit une science utile à diverses activités humaines, mais aussi une science normalisatrice. Dans La République, Platon assigne à l’astronomie des visées moins pragmatiques. Pour lui, l’astronomie doit faire partie de la géométrie. Quant à Aristote, il considère que l’astrologie fait partie de la physique. Par ailleurs, la pratique de divination par les astres, pratiquée par les Chaldéens (nom donné plus tard à ceux qui pratiquent cette activité), avait pour but de déterminer le moment le plus favorable aux récoltes, à la construction d’un temple ou à une action militaire, mais aussi d’annoncer des catastrophes (famines, épidémies, inondations, guerres…) que des rites propitiatoires étaient susceptibles d’écarter.
L’astronomie et l’astrologie utilisent également le nom « zodiaque » : être vivant ou figure, représentation. On connaît la représentation des différentes constellations : Balance, Taureau, Scorpion etc. Si la plupart des philosophes grecs sont hostiles à ces pratiques divinatoires venues d’Orient par les Chaldéens, les stoïciens les adoptent avec enthousiasme, car elles s’intègrent parfaitement à leur théorie de la sympathie universelle. En effet, afin de se démarquer des charlatans, les astrologues affirment que leur science fait partie des mathématiques.
Le terme mathématique perd peu à peu de son prestige et acquiert finalement la même désignation que celui d’« astronomie ». Le terme mathématique n’était d’ailleurs pas tout à fait caractéristique de la science qu’il devait désigner. Plus tard, le terme archaïque astronomie est adopté ; on commence à le retrouver dans les écrits de la fin du IIIe siècle de notre ère. En grec comme en latin, le terme concerne l’étude des astres et de leur position, tant pour des motifs d’observation (astronomie) que pour des motifs de prédiction et de divination (astrologie). Donc, dans les textes latins, astrologia désigne d’abord presque exclusivement l’astronomie ou, du moins, la science générale et la pratique des astres. Le commerce des horoscopes et de la divination confère aujourd’hui à l’astrologie une valeur populaire et des contextes dégradés par rapport aux savants calculs des spécialistes.
L’astronomie est définie par rapport aux mathématiques et à la physique. Aussi parle-t-on d’astronomie nouvelle (copernicienne), d’astronomie géométrique (depuis Ward, 1656), d’astronomie physique, d’astronomie pratique, d’astronomie sphérique (1752) (géométrique, de position), ou encore d’astronomie théorique. Ce n’est donc que beaucoup plus tard que l’astronomie se débarrasse de l’emprise de l’astrologie. L’astronomie et l’astrologie avaient été, pendant très longtemps, étroitement liées, sinon confondues, autrement dit imbriquées l’une dans l’autre. Newton (1642-1727) fonde une mécanique céleste aboutie, qui passe à la dynamique avec l’intervention de la masse des objets célestes en mouvement. En 1851, Foucault (1819-1868) met en évidence la rotation de la Terre et l’instabilité de son axe. En 1877, Hall (1829-1907) découvrit les deux satellites de Mars : Phobos et Deimos. En 1846, les calculs de Le Verrier (1811-1877) confirment l’existence de la planète Neptune. En 1930, on découvre la planète Pluton. On supposait son existence par les calculs. Vers 1900, Einstein (1979-1955) découvre la relativité et Plank invente la physique quantique. Rappelons qu’Einstein publie ses articles sur la relativité restreinte (E = mc2) en 1905. En 1915, apparaîtra la formulation définitive de la théorie de la relativité générale. En 1932, Einstein et Willem de Sitter révèlent l’existence de la « matière sombre de l’Univers ». Les XIXe et XXe siècles, si riches en découvertes technoscientifiques de toutes sortes, incitent les auteurs à développer le domaine de l’astronomie pratique.
C’est ainsi que les trois termes « astronomie », « astrologie » et « mathématiques » se sont côtoyés, et ont, à une certaine époque, désigné une seule et même science. Chacun d’entre eux marque d’ailleurs une période différente du développement de cette science, dont l’objet est en perpétuelle évolution.