Inscrire un terme

Retour
Actualités

Quand Assemblée générale rime avec controverse

14 novembre 2016

Actualités

Par Charlotte Côté

Assemblée générale de la FÉUO

Dans quel monde pourrait-on faire rimer « générale » avec « controverse »? Le nôtre, apparemment. Depuis que la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO) a annoncé la tenue de son Assemblée générale (AG) il y a un peu plus d’un mois, les choses semblent aller de mal en pis. Samedi dernier, la « plus haute instance décisionnelle » de la Fédération en aura vu de toutes les couleurs.

Nombre important de motions

Le 14 octobre dernier, la FÉUO informait ses membres que son AG semestrielle aurait lieu le 12 novembre au pavillon Marion, à 14 h. Ainsi, ceux qui désiraient soumettre une motion n’avaient que neuf jours pour recueillir les 100 signatures nécessaires.

« On a été chanceux d’être préparés d’avance », raconte Davis Whittington-Heeney, co-président du club NPD uOttawa, qui a soumis une motion pour augmenter le salaire minimum des employés de la FÉUO à 15 $ de l’heure.

En tout, dix motions ont été présentées, dont sept rédigées par Justin Patrick et Nicholas Robinson, étudiants entre autres impliqués dans le comité de promotion de l’AG. Deux de leurs motions ont particulièrement su retenir l’attention.

La première proposait la reconnaissance du vote en ligne pour les élections de la FÉUO. La seconde demandait un référendum sur le vote obligatoire, et proposait la mise en place d’un système dans lequel il faudrait aller voter pour récupérer un montant de 60$ initialement cotisé. En proposant cette motion controversée, les co-auteurs ont admis avoir voulu attirer un nombre maximal d’étudiant.e.s à l’AG.

Un comité de promotion « vraiment inutile »

Finalement, seule une centaine d’étudiant.e.s se sont présenté.e.s à l’AG samedi. Le vice-président aux communications de la FÉUO, Francesco Caruso, affirme que l’exécutif et le Comité promotionnel de l’AG en ont fait la promotion de l’évènement « par le biais des médias sociaux, par l’affichage sur le campus et par des présentations en classe ».

La Rotonde a voulu savoir si ces efforts avaient payé. Après avoir interrogé 62 étudiants vendredi dernier, 47 ont déclaré ne jamais avoir entendu parler de l’AG, soit 75 %. Seuls sept ont fait part de leur intention d’y participer. Au final, la cinquième AG n’a pas su mobiliser un nombre suffisant d’étudiant.e.s pour atteindre le quorum établi à 330 participant.e.s.

« Le Comité de promotion est vraiment inutile », se désole Nicholas Robinson, qui siège sur ledit comité en tant que représentant des étudiants en Sciences au Conseil d’administration de la FÉUO. « On a beaucoup parlé, mais finalement, on n’a rien fait. C’est inacceptable », a-t-il dénoncé.

Caruso admet que les affiches de la FÉUO ont mis du temps à être imprimées et que les motions ont tardé à être mises en ligne, mais explique que le graphiste et le traducteur sont tous les deux tombés malades et que la FÉUO ne pouvait faire appel à des services externes sans violer sa convention collective.

Promouvoir l’AG par ses propres moyens

Suite à l’apparente inaction du comité, des bénévoles se sont réunis sous le nom de Voix Étudiantes uOttawa (VÉUO). Justin Patrick est l’un d’eux : « On était frustrés. On s’est dit qu’on ferait mieux nous-même. » Robinson renchérit : « La promotion, c’est nous [VÉUO] qui l’avons faite. On a imprimé des affiches, on a contacté les clubs et on a créé l’évènement Facebook. » Les huit étudiants de VÉUO auront déboursé 140$ de leurs poches pour la promotion de l’AG.

Laura Pilon, étudiante en science politique, affirme qu’elle ignorait le rôle de la FÉUO et l’existence de l’AG jusqu’à cette année : « [Les membres de l’exécutif] ne semblent pas intéressés à promouvoir l’évènement. » Or, samedi dernier, lors de l’AG, l’exécutif féuosien a tenu à insister sur le fait que les étudiants étaient aussi responsables de promouvoir l’AG. « Ce n’est pas seulement à nous six d’assurer le quorum », a déclaré Roméo Ahimakin, président de la FÉUO, pendant la période de questions.

Une AG qui débute dans le calme

Même si l’accessibilité du bâtiment laissait à désirer et que la nourriture promise n’était pas au rendez-vous, c’est le manque de ponctualité qui aura le plus déplu à Danniella Battagin, étudiante en sciences infirmières. En effet, l’AG aura commencé avec près d’une heure de retard : « Ça a découragé des gens. Certains sont partis avant même d’entrer dans l’auditorium », a-t-elle observé.

Une fois l’AG en route, La Rotonde fait une première observation – l’absence d’interprétation simultanée pour les étudiant.e.s unilingues, bien que ce service ait été offert lors de l’AG précédente. « Avec la situation budgétaire, on a décidé de couper dans ce service. On peut tous ici s’exprimer dans les deux langues », répondra plus tard Rizki Rachiq, vice-président aux finances.

Deuxième observation – au bout de quelques minutes, des étudiant.e.s quittent les lieux en constatant que le quorum est loin d’être atteint.

Troisième observation – la majorité n’écoute pas le rapport des membres de l’exécutif. Plusieurs étudient, certains écoutent des vidéos, d’autres consultent leur cellulaire. Seule la diffusion d’une vidéo humoristique sur les frustrations causées par les files d’attentes de la U-Pass saura capter l’attention de tous.

Quatrième observation – la vice-présidente aux affaires d’équité, Morissa-Dalia Ellis, explique aux étudiants l’importance qu’accorde la FÉUO au bilinguisme… Dans une intervention entièrement en anglais.

Quand l’AG s’enflamme

Au bout d’une heure et demie, le président de l’AG, Shawn Philip Hunsdale, annonce le début d’une période de questions d’une durée de 20 minutes. Les membres de l’exécutif décideront finalement de la prolonger : « Nous voulons répondre à toutes vos questions », expliquera Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires.

Après que Robinson ait exprimé son mécontentement par rapport au comité de promotion de l’AG et que les membres de l’exécutif lui aient rappelé qu’il en faisait partie, il rétorquera : « Justement, je sais qu’on n’y fait rien. » Quelques heures plus tard, Robinson annoncera à La Rotonde qu’il remettra sa démission au comité dans les jours à venir.

La joute verbale entre la VÉUO et la FÉUO s’est poursuivie lorsque Jordan Kent, étudiant et membre de VÉUO, s’est exclamé : « On est furieux, on veut des réponses, et on les veut maintenant! » Cette attitude a choqué certains membres de l’exécutif, dont Hadi Wess, vice-président aux affaires sociales, qui ripostera à la fin de la période de questions : « Ce n’est pas un rallye de Trump ni une manifestation sur la colline parlementaire […] Certaines personnes viennent nous intimider ici, mais on va continuer à faire notre travail. »

Kent est plus tard allé présenter ses excuses à l’exécutif. Il a cependant tenu à expliquer son comportement : « La FÉUO est virtuellement absente de la vie étudiante de la majorité. Elle ne fonctionne ultimement pas pour les étudiants ».

Illégale?

Le comble de l’histoire, c’est que selon un rapport que les membres de l’exécutif n’ont à ce jour pas rendu public, l’article de Constitution féuosienne consacrant l’AG comme la plus haute instance décisionnelle de l’organisme contreviendrait à la loi provinciale. Les décisions qui seront prises à l’AG devront donc dorénavant être acceptées par le CA, ce qui selon VÉUO, est une atteinte à la démocratie étudiante (voir p. 5 pour plus d’informations concernant la dernière réunion du CA).

Aux dires de Caruso, la FÉUO désire cependant « maintenir l’AG comme le plus haut forum de discussion ». Il affirme que « ces changements ne diminuent en aucun aspect l’importance de la présence étudiante à l’AG ».

Cependant, selon un ancien étudiant de l’U d’O s’étant impliqué en 2013-14 afin que l’AG voie le jour, enlever le statut de plus haute instance décisionnelle à l’Assemblée la rendrait inutile : « On l’a mise en place pour donner une voix aux étudiants et casser leur sentiment d’aliénation face à leur syndicat étudiant. [Ce changement,] c’est cracher dans leur face. »

En attendant un quorum qui ne vient pas, assis dans une AG structurellement illégale, un samedi après-midi, on se demande bien avec quoi rime le futur des assemblées générales de la FÉUO.

Inscrivez-vous à La Rotonde gratuitement !

S'inscrire