Par Miléna Frachebois, journaliste
Le SASS (Service d’appui au succès scolaire) a mis en place de nouveaux services offerts aux étudiants. La Rotonde s’est entretenue avec Sylvie Tremblay, la directrice du SASS ainsi que Geneviève Brabant, la cheffe du counselling et coaching, afin de discuter de ces nouvelles initiatives.
La Rotonde : Qu’est ce que le SASS en quelques mots ?
Sylvie Tremblay : Le SASS, c’est le service d’appui au succès scolaire, direct aux étudiants et gratuit, et qui comprend 3 créneaux d’expertises. Premièrement, il y a le créneau des accommodements scolaires pour les étudiants en situation de handicap permanent ou temporaire. Ils peuvent venir rencontrer nos spécialistes en apprentissage pour être en mesure d’obtenir des accommodements scolaires en lien avec leur limitation fonctionnelle qui découle de leur situation de handicap. On a aussi le secteur d’appui aux études. Il comprend d’abord le Centre d’aide à la rédaction de travaux universitaires (CARTU) qui existe pour aider les étudiants à développer davantage leurs compétences de rédaction de travaux universitaires. Il comprend également du mentorat étudiant sur le campus et l’orientation d’été. Le troisième créneau est le SASS counselling qui est responsable d’offrir des services qui soutiennent le mieux-être des étudiants.
LR : Quels sont les nouveaux services qui vont être offerts à partir de cette année ?
Geneviève Brabant : Je vais vous parler du modèle progressif des services connu sous le nom de stepped care. C’est un modèle de service qui a été développé au Royaume-Uni pour répondre à des besoins grandissants en matière de service de santé à un volume de gens. Ce modèle là a été adapté par le docteur Peter Cornish qui est un psychologue de l’Université de Mémorial, au Canada à Terre-Neuve. Ce modèle se veut échelonné en terme de ses ressources et ses services pour être en mesure de servir une communauté étudiante qui pourrait avoir des besoins variants au niveau de l’intensité.
Ce modèle vise d’abord à offrir des ressources et des options en matière de prise en charge (assistance téléphonique, apps, balados, feuilles de travail, etc). Ensuite, le modèle offre un accès rapide à un service ponctuel qui est ouvert au 4ème étage du 100 Marie Curie.
Une autre option, maintenant, pour les besoins en faible intensité, c’est une thérapie en ligne. Cette plateforme sera disponible pour toute la communauté étudiante à partir du premier octobre. Elle va contenir un volet self enrolled/self help. Il n’est donc pas nécessaire de venir au service de counselling pour y accéder. Les étudiants qui ont besoin d’un service un peu plus spécialisé peuvent d’un côté bénéficier de la plateforme en ligne et des modules disponibles et également d’un accompagnement par un psychotérapeute pour leur permettre de mieux bénéficier de cette plateforme-là.
Dans la quatrième option, le développement de compétences, nous avons au counselling et coaching un service de soutien par les pairs. Nous avons recensé tous les autres services offerts sur le campus par les pairs, et nous les avons regroupés sur notre site web pour les rendre plus facilement connus et accessibles des étudiants. Nous allons évidemment pouvoir guider les étudiants vers des services de soutien par les pairs. Très souvent, c’est un service qui est privilégié et apprécié des étudiants.
Ensuite nous avons la cinquième option, où nous faisons une programmation de groupe qui est plus intensive et thérapeutique, des groupes qui vont adresser des préoccupations plus spécifiques en lien avec la santé mentale et le mieux-être comme par exemple la dépression, l’anxiété, etc. Ces programmes de groupe vont être offerts par nos psychothérapeutes. La sixième option, c’est de « rencontrer un thérapeute ». Cette option-là fait déjà partie des services qu’on offrait traditionnellement, qui est le counselling personnel. Nous allons continuer à offrir ce service de courte durée. On parle ici de 6 sessions individuelles. Nous avons la septième option, la dernière, qui est toujours notre responsabilité de référer les étudiants à d’autres services communautaires, sur campus ou hors-campus quand un besoin plus spécialisé se présente.
Dans deux à trois ans ,nous allons mettre sur pied une option de gestion de cas pour développer des partenariats avec des services spécialisés en santé mentale dans la région d’Ottawa pour être en mesure de mieux aiguiller les étudiants.
LR : Êtes-vous à l’origine de l’initiative ou est-ce l’Université qui vous a demandé d’innover ?
Sylvie Tremblay : Quand je suis arrivée à mon poste en 2016, on m’a donné le mandat de transformer le SASS pour qu’il soit en connexion plus directe avec les besoins émergents de la population étudiante. La première chose qu’on a faite est qu’on a fait une tournée du campus et on a parlé à toutes les parties prenantes de l’Université : des étudiants, des professeurs, des administrateurs, des membres de la haute gestion, pour en arriver à en avoir une lecture de l’état des lieux par rapport au SASS. Ça a mené à notre plan stratégique qu’on a appelé l’opération papillon : connexion, innovation, transformation. On était perçu comme un service à problèmes. Le virage qu’on est en train de faire en est un exemple opérationnel. On est un service qui vous soutient dans vos compétences et habiletés d’apprentissage pour connaître le succès dans vos études.
LR : Avez-vous eu à augmenter votre effectif ?
Sylvie Tremblay : L’ajout de ressources a été pour se procurer la plateforme de thérapie en ligne de la troisième option. À part ça, on est en train de mettre en place les nouveaux services avec le même effectif qu’on avait déjà. Mais on est assez confiant d’offrir des ressources et des outils de différentes natures aux étudiants. Ca nous permet d’enrichir et d’augmenter notre offre de services sans nécessairement recourir à un ajout de ressources humaines.
LR : Existe-t-il d’autres universités avec des services avancés ou pensez-vous être en avance ?
Geneviève Brabant : Un certain nombres d’universités canadiennes sont aussi à l’affût de ce modèle stepped care et qui travaillent activement à développer leur version du modèle stepped care. Certaines universités l’ont déjà mis en marche comme McGill, McMaster, Ryerson. Je travaille aussi avec l’Université Carleton et le Collège Algonquin qui sont eux aussi dans un processus semblable d’explorer la mise en oeuvre de ce modèle. Evidemment chaque université développe sa version du modèle stepped care en fonction des ressources et services qu’ils ont à leur disposition.
LR : Sans pour autant engager de nouvelles personnes, pensez-vous quand même réussir à répondre aux besoins de tous les étudiants ?
Geneviève Brabant : On voit un modèle qui offre 7 options alors qu’avant le modèle en offrait 3. Les premiers niveaux d’options, qui sont dans une perspective beaucoup plus préventive à certains égards, étaient à peu près inexistants auparavant, ce qui faisait en sorte qu’on avait des étudiants qui pouvaient commencer à éprouver un certain niveau de stress dû à la transition à l’université mais qui n’arrivait pas à mettre la main sur des outils ou des ressources avant que cela ne dégénère en une situation de crise. Donc on est arrivé avec un bouchon dans notre offre de service où on avait beaucoup d’étudiants qui souhaitaient rencontrer un psychothérapeute dans des rencontres 1 à 1. Cela s’accumulait sur une file d’attente. On anticipe sur ce qui va arriver avec l’offre des ressources en ligne. Un étudiant qui décide d’aller voir ce qu’il y a là-dedans et qui va chercher les modules va être capable de se prendre en charge et s’autogérer pour faire en sorte que des risques de glisser dans des situations de détresse profonde et crises vont se trouver amoindries. Ça peut donc avoir un impact sur les délais d’attente mais on ne garantit pas qu’il n’y en aura pas.