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Après le scandale, la FÉUO mène son enquête

31 octobre 2016

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Par Yasmine Mehdi

Vet’s Tour

Le 20 octobre dernier, le recteur Jacques Frémont annonçait que l’Université d’Ottawa ne mènerait pas d’enquête dans la foulée des évènements liés au Vet’s Tour, et qu’elle soutiendrait plutôt l’enquête interne de la Fédération étudiante de l’Université d’Ottawa (FÉUO). De nombreuses questions demeurent toutefois quant à la forme que prendra cette enquête interne. La Rotonde a tenté d’y répondre.

Que fera l’administration pendant ce temps ?

D’abord interrogé quant à la raison pour laquelle l’Université ne mènerait pas sa propre enquête, Patrick Charrette, directeur des communications institutionnelles, a tenu à rappeler que « les activités étudiantes [n’étaient] pas attachées à l’administration » avant d’ajouter : « L’Université juge pour l’instant qu’il y a une politique en place, que des efforts […] [sont faits] sur le campus », faisant allusion au Règlement 67b sur la prévention de la violence sexuelle.

En effet, dans ce règlement adopté l’été dernier, on peut lire que « l’Université entend créer un comité de prévention de la violence sexuelle ». Selon Charrette, ce comité devrait voir le jour très rapidement, et le premier mandat que lui accordera le recteur sera de « se [pencher] sur l’encadrement des activités étudiantes ».

Pourquoi pas une enquête commune?

De son côté, la FÉUO semble donner une réponse quelque peu différente à savoir pourquoi elle enquêtera seule sur l’affaire.

En effet, Vanessa Dorimain, vice-présidente aux affaires universitaires, a suggéré que l’Université ne comprenait pas suffisamment la Constitution féuosienne pour se charger de l’enquête en plus d’estimer que « la nouvelle administration [n’avait] pas été là depuis assez longtemps pour vouloir être impliquée ». Par ailleurs, selon ses dires, il semblerait que l’administration souhaite profiter des récents évènements pour imposer un code de conduite, un projet auquel la FÉUO est loin d’adhérer.

Dorimain a également révélé à La Rotonde que le chef de cabinet du recteur, Alastair Mullin, avait offert à la FÉUO de mener une enquête conjointe, une possibilité qui a été écartée afin d’éviter de dédoubler le travail. « L’Université aurait parlé à l’AÉS [Association des étudiant.e.s en science, organisatrice du Vet’s Tour] après que nous leur ayons parlé, ce qui n’avait pas de sens selon moi », a-t-elle expliqué.

Une enquête féuosienne, oui, mais comment?

« Nous voulons mener une enquête approfondie parce que nous comprenons à quel point ceci est sérieux », a annoncé Dorimain avec gravité.

Deux semaines après la parution de l’article ayant mis en lumière l’existence du Vet’s Tour, aucun détail supplémentaire quant à cette enquête interne n’a toutefois été rendu public. « Ils ne sont pas transparents et ça donne l’impression qu’ils ne prennent pas les choses au sérieux », a déclaré Vanessa Couturier, membre du collectif de recherche féministe FemAnVi et étudiante à l’U d’O.

Interviewée par La Rotonde, la vice-présidente Dorimain a tenté d’éclaircir la question. Premièrement en expliquant que les six membres de l’exécutif se chargeraient de l’enquête, deuxièmement en clarifiant que ladite enquête devrait s’échelonner sur « quelques semaines » et troisièmement en annonçant que la FÉUO tenterait d’obtenir un maximum de témoignages avant la publication d’un rapport.

Cependant, à en croire les propos de Dorimain, un problème subsiste. Il semblerait en effet que les témoins potentiels ne fassent pas confiance à la FÉUO, étant donné que d’anciens membres de son exécutif auraient participé à des éditions précédentes du Vet’s Tour.  Afin de pallier cette embuche, la vice-présidente encourage les étudiants sceptiques à plutôt s’adresser au Bureau des droits de la personne, aux médias étudiants, ou encore au bureau de l’ombudsman, qui est déjà entré en contact avec la FÉUO.

Pour sa part, Vanessa Couturier de FemAnVi s’indigne du fait que seuls les membres de l’exécutif seront responsables de mener à bien l’enquête. « On devrait embaucher quelqu’un à l’externe. N’importe où ailleurs, ça n’aurait aucun sens. Ce n’est pas parce qu’on est dans une université qu’il faut prendre les choses plus à la légère », a-t-elle dénoncé.

Transparence et silence, compatibles?    

La Rotonde a mis les mains sur un courriel qui aurait circulé entre différents présidents d’Associations étudiantes suite à une réunion d’urgence ayant eu lieu la semaine dernière. Bien que la FÉUO ait promis une enquête transparente, ce courriel semble suggérer que les corps fédérés aient, pour leur part, choisi de rester dans le silence.

Dans ce courriel, on apprend entre autres qu’une « Semaine de l’équité » sera organisée par les Associations étudiantes, et que son but sera de sensibiliser la communauté étudiante au consentement.

Néanmoins, c’est surtout les phrases suivantes qui retiennent l’attention : « Après une discussion avec les présidents quant à l’incident Vet’s Tour, voici les directives : Nous ne ferons pas de déclaration. L’histoire est en train de mourir dans les médias, mettre de l’huile sur le feu serait une mauvaise décision. Si des étudiants vous approchent et posent des questions, dirigez-les aux communiqués faits par la FÉUO, l’AÉS et les autres services disponibles sur le campus s’ils désirent en parler. Nous ne discuterons pas de l’évènement, ou de l’enquête. »

Reste à savoir si ces consignes internes seront conciliables avec la promesse de transparence qu’a faite la FÉUO.

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